Lc 17, 12-19 : En ce temps-là, alors que Jésus entrait dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre. Ils s’arrêtèrent à distance et élevèrent la voix pour lui dire : « Jésus, maître, aie pitié de nous. » Les voyant, Jésus leur dit : « Allez vous montrer aux prêtres. » Or, pendant qu’ils y allaient, ils furent purifiés. L’un d’entre eux, voyant qu’il était guéri, revint en rendant gloire à Dieu à pleine voix. Il se jeta le visage contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce ; or c’était un Samaritain. Alors Jésus dit : « Est-ce que tous les dix n’ont pas été purifiés ? Et les neuf autres, où sont-ils ? Il ne s’est trouvé parmi eux personne pour revenir rendre gloire à Dieu : il n’y a que cet étranger ! » Et il lui dit : « Relève-toi, va. Ta foi t’a sauvé. »
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Chers frères et sœurs, le récit sur la guérison des dix lépreux qui ne figure que dans l’Évangile de Luc me semble un des plus révolutionnaires du Nouveau Testament. Bien sûr, ce geste du Seigneur témoigne d’abord de l’immense miséricorde de Dieu, accordée à tous de manière totalement gratuite. De même, ce récit, comme certains autres, exalte la force de la foi, car c’est à elle que Jésus attribue la capacité de sauver. Mais il y a un autre aspect de ce miracle qui m’interpelle beaucoup. Il s’agit de l’opposition entre l’accomplissement de la consigne de la Loi et le geste spontané du Samaritain qui revient vers le Christ. C’est une opposition lourde de sens et de conséquence.
Pour bien en saisir la portée, je vous rappelle ce que le livre du Lévitique prescrit pour la purification d’un lépreux : « Voici le rituel relatif au lépreux, à observer le jour de sa purification : lorsqu’on l’amène au prêtre, le prêtre sort à l’extérieur du camp et procède à un examen. Si le lépreux est guéri de la maladie du genre lèpre, le prêtre ordonne de prendre pour celui qui se purifie : deux oiseaux vivants, purs, du bois de cèdre, du cramoisi éclatant et de l’hysope ; le prêtre ordonne d’égorger le premier oiseau au-dessus d’un récipient d’argile contenant de l’eau vive ; il prend l’oiseau vivant avec le bois de cèdre, le cramoisi éclatant et l’hysope ; il les trempe, y compris l’oiseau vivant, dans le sang de l’oiseau qu’on a égorgé sur l’eau vive ; il effectue sept aspersions sur celui qui se purifie de la lèpre ; il le déclare pur ; il laisse l’oiseau vivant s’envoler vers la pleine campagne » (Lv 14, 2-7).
Quand il entend la demande des dix lépreux, le Seigneur Jésus les envoie d’abord vers le prêtre pour accomplir le rite prescrit par la Loi. Il semble donc vouloir s’y conformer. Et puis, quand les malades se sont découverts guéris, un seul d’entre eux a décidé de transgresser à la fois la Loi de Moïse et l’ordre donné par Jésus, pour revenir le remercier. Et dans les paroles adressées par Jésus à ce Samaritain, nous découvrons que son attitude est bien celle que le Christ attendait : « Est-ce que tous les dix n’ont pas été purifiés ? Et les neuf autres, où sont-ils ? Il ne s’est trouvé parmi eux personne pour revenir rendre gloire à Dieu : il n’y a que cet étranger ! » Et ce qui est le plus remarquable, c’est qu’en l’occurrence, rendre gloire à Dieu signifie, pour Jésus, faire ce que le Samaritain a fait : laisser tomber le rite prescrit par la Loi et venir remercier lui, le Christ, de manière spontanée et directe. Cette opposition entre l’action de grâce et le rite est ce qui m’interpelle le plus dans ce récit.
Le Seigneur Jésus n’abroge pas explicitement la prescription du Lévitique, mais il la désigne clairement comme secondaire par rapport à l’expression émancipée de la gratitude pour Dieu, dans une relation directe avec lui. C’est l’attitude qu’il attend certainement de notre part : il ne nous oblige pas de laisser tomber les rites, mais il ne faut pas que ceux-ci nous rendent durs de cœurs et ingrats. Une action de grâce spontanée vaut beaucoup mieux que l'exécution sèche et automatique des gestes rituels. Si vous écoutez bien ce récit de Luc, vous en déduirez qu’un hérétique reconnaissant et les Samaritains sont des hérétiques aux yeux des Juifs) est plus proche du Seigneur Jésus que neuf légalistes ingrats.
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Chers frères et sœurs, le récit sur la guérison des dix lépreux qui ne figure que dans l’Évangile de Luc me semble un des plus révolutionnaires du Nouveau Testament. Bien sûr, ce geste du Seigneur témoigne d’abord de l’immense miséricorde de Dieu, accordée à tous de manière totalement gratuite. De même, ce récit, comme certains autres, exalte la force de la foi, car c’est à elle que Jésus attribue la capacité de sauver. Mais il y a un autre aspect de ce miracle qui m’interpelle beaucoup. Il s’agit de l’opposition entre l’accomplissement de la consigne de la Loi et le geste spontané du Samaritain qui revient vers le Christ. C’est une opposition lourde de sens et de conséquence.
Pour bien en saisir la portée, je vous rappelle ce que le livre du Lévitique prescrit pour la purification d’un lépreux : « Voici le rituel relatif au lépreux, à observer le jour de sa purification : lorsqu’on l’amène au prêtre, le prêtre sort à l’extérieur du camp et procède à un examen. Si le lépreux est guéri de la maladie du genre lèpre, le prêtre ordonne de prendre pour celui qui se purifie : deux oiseaux vivants, purs, du bois de cèdre, du cramoisi éclatant et de l’hysope ; le prêtre ordonne d’égorger le premier oiseau au-dessus d’un récipient d’argile contenant de l’eau vive ; il prend l’oiseau vivant avec le bois de cèdre, le cramoisi éclatant et l’hysope ; il les trempe, y compris l’oiseau vivant, dans le sang de l’oiseau qu’on a égorgé sur l’eau vive ; il effectue sept aspersions sur celui qui se purifie de la lèpre ; il le déclare pur ; il laisse l’oiseau vivant s’envoler vers la pleine campagne » (Lv 14, 2-7).
Quand il entend la demande des dix lépreux, le Seigneur Jésus les envoie d’abord vers le prêtre pour accomplir le rite prescrit par la Loi. Il semble donc vouloir s’y conformer. Et puis, quand les malades se sont découverts guéris, un seul d’entre eux a décidé de transgresser à la fois la Loi de Moïse et l’ordre donné par Jésus, pour revenir le remercier. Et dans les paroles adressées par Jésus à ce Samaritain, nous découvrons que son attitude est bien celle que le Christ attendait : « Est-ce que tous les dix n’ont pas été purifiés ? Et les neuf autres, où sont-ils ? Il ne s’est trouvé parmi eux personne pour revenir rendre gloire à Dieu : il n’y a que cet étranger ! » Et ce qui est le plus remarquable, c’est qu’en l’occurrence, rendre gloire à Dieu signifie, pour Jésus, faire ce que le Samaritain a fait : laisser tomber le rite prescrit par la Loi et venir remercier lui, le Christ, de manière spontanée et directe. Cette opposition entre l’action de grâce et le rite est ce qui m’interpelle le plus dans ce récit.
Le Seigneur Jésus n’abroge pas explicitement la prescription du Lévitique, mais il la désigne clairement comme secondaire par rapport à l’expression émancipée de la gratitude pour Dieu, dans une relation directe avec lui. C’est l’attitude qu’il attend certainement de notre part : il ne nous oblige pas de laisser tomber les rites, mais il ne faut pas que ceux-ci nous rendent durs de cœurs et ingrats. Une action de grâce spontanée vaut beaucoup mieux que l'exécution sèche et automatique des gestes rituels. Si vous écoutez bien ce récit de Luc, vous en déduirez qu’un hérétique reconnaissant et les Samaritains sont des hérétiques aux yeux des Juifs) est plus proche du Seigneur Jésus que neuf légalistes ingrats.