Les disciples sont ensemble, et c’est un premier progrès par rapport à la terrible dispersion à laquelle ont donné lieu l’arrestation, le jugement et la crucifixion.
Tout se passe comme si Jésus étant mort, ils commençaient seulement à faire usage de ce qu’il leur a enseigné – en l’espèce, dans l’évangile de Matthieu, le fait que deux ou trois réunis en son nom suffise à le rendre effectivement présent au milieu d’eux.
Et c’est exactement ce qu’il se passe.
Quoique les portes soient, comme le cœur humain, verrouillées par la peur, Jésus vient, et il est là au milieu d’eux. C’est que pour lui, maintenant qu’il est ressuscité, venir est immédiatement advenir – et toute venue a le caractère d’un avènement.
La encore, tout ce passe conformément à l’enseignement de Jésus. Ses premières paroles sont celles-là même que le prêtre échange avec l’assemblée à plusieurs reprises au cours de la liturgie : « La paix soit avec vous ! », ce qui nous ramène à l’évangile de Matthieu : "En entrant dans la maison, saluez ceux qui l’habitent. Si cette maison en est digne, que votre paix vienne sur elle. Si elle n’en est pas digne, que votre paix retourne vers vous".
Où les disciples sont intérieurement en guerre, contre la déception, contre le désespoir, contre le doute, Jésus leur communique sa paix. Et c’est ce qu’il fait aujourd’hui à chaque fois que nous l’invoquons, que nous le prions et que nous le supplions. Le signe de son irruption dans notre vie est cette paix à la fois sensible et intelligible – cette paix énergétique dont le propre est d’inhiber le tumulte de nos émotions et de nos pensées.
Puis sans transition, sans parole, et ce alors même que Jean est, parmi les évangélistes, le plus enclin à le faire discourir, Jésus leur montre ses mains et son côté – c’est à dire les marqueurs de la plénitude de son humanité au moment où il a souffert sa passion. Par cette exhibition des stigmates, Jésus ne cherche pas à se faire reconnaître, lui qui l’a été immédiatement à l’instant même où il est entré dans la pièce et où il a donné sa paix. Il ne montre pas un tatouage inconnu du plus grand nombre et qui l’authentifierait auprès d’un cercle d’initiés. Il donne à voir à ses apôtres ce que les pères apostoliques, les confesseurs et les docteurs de la foi mettront des siècles à formuler : la participation plénière de sa divinité à sa mort sur la croix, et la participation plénière de son humanité à la résurrection.
En lui Dieu n’a pas été épargné par les stigmates. Et en lui l’homme n’a pas été écarté de la vie éternelle.
Voilà, frères et sœurs, la pierre angulaire de notre foi sur laquelle sont venues se fracasser les mieux intentionnées des hérésies, les plus élaborées des philosophies, et les plus approfondies des gnoses, pour lesquelles Dieu ne peut mourir que fictivement, et l’homme ne peut ressusciter que partiellement.
L’exhibition des stigmates contient une vérité que l’humanité n’est pas encore capable d’entendre, et encore moins de dire, et que nous avons la joie de confesser : Je crois en un seul Seigneur, Jésus Christ, le Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles : Il est Dieu, né de Dieu, lumière, née de la lumière, vrai Dieu, né du vrai Dieu. Engendré non pas créé, consubstantiel au Père ; et par lui tout a été fait. Pour nous les hommes, et pour notre salut, il descendit du ciel; Par l’Esprit Saint, il a pris chair de la Vierge Marie, et s’est fait homme. Crucifié pour nous sous Ponce Pilate. Il souffrit sa passion et fut mis au tombeau. Il ressuscita le troisième jour.
Comme elle a été introduite par l’envoi de sa paix, la révélation des stigmates, c’est à dire de la double nature, divine et humaine, qui constitue la personne de Jésus-Christ, est conclue par un nouvel envoi de sa paix : "Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. Jésus leur dit de nouveau : La paix soit avec vous !"
Une fois la vérité établie dans la paix, et une fois la paix partagée en vérité, Jésus peut communiquer l’unique Esprit à ses disciples : il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. »
C’est un souffle divin qui fait signe vers la création de l’homme au second chapitre de la Genèse : "Alors le Seigneur Dieu modela l’homme avec la poussière tirée du sol ; il insuffla dans ses narines le souffle de vie, et l’homme devint un être vivant".
C’est un souffle humain qui fait signe vers la mort sur la croix du fils de Dieu : "Alors, Jésus poussa un grand cri : « Père, entre tes mains je remets mon esprit. » Et après avoir dit cela, il expira".
C’est le souffle du Fils, pleinement Dieu et pleinement homme, qui recrée les apôtres et ravive chez l’homme, sous la cendre de son humanité déchue, la braise de sa divinité primordiale.
Voilà tout ce qui se passe en moins d’une minute et qui rend parfaitement légitime l’exigence de Thomas : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! »
Il n’y a dans sa demande instante aucune trace de cette tiédeur rétive, de cette résistance au miracle, de cette obstination à ne pas espérer qu’il est d’usage de lui reprocher.
Il y a une question légitime sur la nature du Fils de Dieu – une question assez légitime pour que Jésus ressuscité répète très exactement pour un seul la révélation dont il a gratifié plusieurs : "Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d’eux. Il dit : « La paix soit avec vous ! » Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. »
Jésus reproche certes à Thomas son incrédulité, mais après avoir accédé à sa requête, et pour cela accepter, fait unique dans l’évangile, de se répéter.
Cette répétition n’est pas vaine, puisqu’elle permet à Thomas de confesser des lèvres ce que ses camarades s’étaient contentés de ressentir silencieusement : Alors Thomas lui dit : « Mon Seigneur et mon Dieu ! ».
En confessant Seigneur et Dieu un homme ressuscité avec les stigmates de sa passion et de sa mort, Thomas écrit la première ligne de cette théologie du Fils de Dieu que les littérature apostolique et patristique édifieront patiemment au cours des premiers siècles.
Et nous qui le célébrons aujourd’hui au cours du premier dimanche après Pâques, inspirons-nous de son acharnement à voir pour croire – à voir les stigmates pour croire à la résurrection, à voir les plaies pour croire à la plénitude, et à voir le fils de l’homme pour le croire Fils de Dieu.
Le Seigneur tance Thomas pour avoir douté comme il tancera Pierre pour avoir renié – mais ce sont eux pourtant, Thomas et Pierre, qui ont confessé des lèvres le noyau de notre foi.
Mettons-nous aujourd’hui à l’école de ce mystérieux jumeau, qui sans doute est notre jumeau, puisque nous partageons avec lui l’appétit de voir, pour prendre à témoin le Seigneur, et l’amener chaque jour à nous communiquer, avec sa paix, la vérité de sa personne et de ses deux natures – pour oser lui demander de se répéter, encore et sans cesse, et nous permettre de lui répondre avec un émerveillement renouvelé : « Mon Seigneur et mon Dieu ».
Tout se passe comme si Jésus étant mort, ils commençaient seulement à faire usage de ce qu’il leur a enseigné – en l’espèce, dans l’évangile de Matthieu, le fait que deux ou trois réunis en son nom suffise à le rendre effectivement présent au milieu d’eux.
Et c’est exactement ce qu’il se passe.
Quoique les portes soient, comme le cœur humain, verrouillées par la peur, Jésus vient, et il est là au milieu d’eux. C’est que pour lui, maintenant qu’il est ressuscité, venir est immédiatement advenir – et toute venue a le caractère d’un avènement.
La encore, tout ce passe conformément à l’enseignement de Jésus. Ses premières paroles sont celles-là même que le prêtre échange avec l’assemblée à plusieurs reprises au cours de la liturgie : « La paix soit avec vous ! », ce qui nous ramène à l’évangile de Matthieu : "En entrant dans la maison, saluez ceux qui l’habitent. Si cette maison en est digne, que votre paix vienne sur elle. Si elle n’en est pas digne, que votre paix retourne vers vous".
Où les disciples sont intérieurement en guerre, contre la déception, contre le désespoir, contre le doute, Jésus leur communique sa paix. Et c’est ce qu’il fait aujourd’hui à chaque fois que nous l’invoquons, que nous le prions et que nous le supplions. Le signe de son irruption dans notre vie est cette paix à la fois sensible et intelligible – cette paix énergétique dont le propre est d’inhiber le tumulte de nos émotions et de nos pensées.
Puis sans transition, sans parole, et ce alors même que Jean est, parmi les évangélistes, le plus enclin à le faire discourir, Jésus leur montre ses mains et son côté – c’est à dire les marqueurs de la plénitude de son humanité au moment où il a souffert sa passion. Par cette exhibition des stigmates, Jésus ne cherche pas à se faire reconnaître, lui qui l’a été immédiatement à l’instant même où il est entré dans la pièce et où il a donné sa paix. Il ne montre pas un tatouage inconnu du plus grand nombre et qui l’authentifierait auprès d’un cercle d’initiés. Il donne à voir à ses apôtres ce que les pères apostoliques, les confesseurs et les docteurs de la foi mettront des siècles à formuler : la participation plénière de sa divinité à sa mort sur la croix, et la participation plénière de son humanité à la résurrection.
En lui Dieu n’a pas été épargné par les stigmates. Et en lui l’homme n’a pas été écarté de la vie éternelle.
Voilà, frères et sœurs, la pierre angulaire de notre foi sur laquelle sont venues se fracasser les mieux intentionnées des hérésies, les plus élaborées des philosophies, et les plus approfondies des gnoses, pour lesquelles Dieu ne peut mourir que fictivement, et l’homme ne peut ressusciter que partiellement.
L’exhibition des stigmates contient une vérité que l’humanité n’est pas encore capable d’entendre, et encore moins de dire, et que nous avons la joie de confesser : Je crois en un seul Seigneur, Jésus Christ, le Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles : Il est Dieu, né de Dieu, lumière, née de la lumière, vrai Dieu, né du vrai Dieu. Engendré non pas créé, consubstantiel au Père ; et par lui tout a été fait. Pour nous les hommes, et pour notre salut, il descendit du ciel; Par l’Esprit Saint, il a pris chair de la Vierge Marie, et s’est fait homme. Crucifié pour nous sous Ponce Pilate. Il souffrit sa passion et fut mis au tombeau. Il ressuscita le troisième jour.
Comme elle a été introduite par l’envoi de sa paix, la révélation des stigmates, c’est à dire de la double nature, divine et humaine, qui constitue la personne de Jésus-Christ, est conclue par un nouvel envoi de sa paix : "Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. Jésus leur dit de nouveau : La paix soit avec vous !"
Une fois la vérité établie dans la paix, et une fois la paix partagée en vérité, Jésus peut communiquer l’unique Esprit à ses disciples : il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. »
C’est un souffle divin qui fait signe vers la création de l’homme au second chapitre de la Genèse : "Alors le Seigneur Dieu modela l’homme avec la poussière tirée du sol ; il insuffla dans ses narines le souffle de vie, et l’homme devint un être vivant".
C’est un souffle humain qui fait signe vers la mort sur la croix du fils de Dieu : "Alors, Jésus poussa un grand cri : « Père, entre tes mains je remets mon esprit. » Et après avoir dit cela, il expira".
C’est le souffle du Fils, pleinement Dieu et pleinement homme, qui recrée les apôtres et ravive chez l’homme, sous la cendre de son humanité déchue, la braise de sa divinité primordiale.
Voilà tout ce qui se passe en moins d’une minute et qui rend parfaitement légitime l’exigence de Thomas : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! »
Il n’y a dans sa demande instante aucune trace de cette tiédeur rétive, de cette résistance au miracle, de cette obstination à ne pas espérer qu’il est d’usage de lui reprocher.
Il y a une question légitime sur la nature du Fils de Dieu – une question assez légitime pour que Jésus ressuscité répète très exactement pour un seul la révélation dont il a gratifié plusieurs : "Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d’eux. Il dit : « La paix soit avec vous ! » Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. »
Jésus reproche certes à Thomas son incrédulité, mais après avoir accédé à sa requête, et pour cela accepter, fait unique dans l’évangile, de se répéter.
Cette répétition n’est pas vaine, puisqu’elle permet à Thomas de confesser des lèvres ce que ses camarades s’étaient contentés de ressentir silencieusement : Alors Thomas lui dit : « Mon Seigneur et mon Dieu ! ».
En confessant Seigneur et Dieu un homme ressuscité avec les stigmates de sa passion et de sa mort, Thomas écrit la première ligne de cette théologie du Fils de Dieu que les littérature apostolique et patristique édifieront patiemment au cours des premiers siècles.
Et nous qui le célébrons aujourd’hui au cours du premier dimanche après Pâques, inspirons-nous de son acharnement à voir pour croire – à voir les stigmates pour croire à la résurrection, à voir les plaies pour croire à la plénitude, et à voir le fils de l’homme pour le croire Fils de Dieu.
Le Seigneur tance Thomas pour avoir douté comme il tancera Pierre pour avoir renié – mais ce sont eux pourtant, Thomas et Pierre, qui ont confessé des lèvres le noyau de notre foi.
Mettons-nous aujourd’hui à l’école de ce mystérieux jumeau, qui sans doute est notre jumeau, puisque nous partageons avec lui l’appétit de voir, pour prendre à témoin le Seigneur, et l’amener chaque jour à nous communiquer, avec sa paix, la vérité de sa personne et de ses deux natures – pour oser lui demander de se répéter, encore et sans cesse, et nous permettre de lui répondre avec un émerveillement renouvelé : « Mon Seigneur et mon Dieu ».