Lc 18, 10-14: Le Seigneur dit cette parabole : « Deux hommes montèrent au temple pour prier ; l'un était Pharisien et l'autre publicain. Le Pharisien, debout, priait ainsi en lui-même : ‘O Dieu, je te rends grâce de ce que je ne suis pas comme les autres hommes, qui sont voleurs, malfaisants, adultères, ou encore comme ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine, je paie la dîme de tout ce que je me procure.’ Le publicain, se tenant à distance, ne voulait même pas lever les yeux au ciel, mais il se frappait la poitrine en disant : ‘O Dieu, prends pitié du pécheur que je suis.’ Je vous le déclare : celui-ci redescendit chez lui justifié, et non l'autre, car tout homme qui s'élève sera abaissé, mais celui qui s'abaisse sera élevé. »
*
La lecture de la parabole du pharisien et du publicain inaugure, dans la liturgie orthodoxe, le temps de préparation au Carême de Pâques. Dans quatre semaines, nous entrerons, nous aussi, dans cette période très particulière où nous contemplons, de façon encore plus intense que le reste de l’année, le mystère de l’abaissement du Fils de Dieu, de sa mort et de sa résurrection.
Il n’y a pas de meilleure introduction au Carême que cette parabole de l’Évangile de Luc que nous venons d’entendre. Elle bouleverse la vision commune de la religion comme élévation individuelle ; elle fait voler en éclats la conception banale de la morale comme abstention du mal et accomplissement d’actes bons. En fait, de cette parabole du Seigneur, je conclus personnellement que le christianisme n’est, au fond, ni une religion, ni une morale, mais le fait de croire dans l’amour sans limites du Créateur, tout en connaissant ses propres limites, de suivre le Christ dans son abaissement, d’accepter le pardon de Dieu.
Le Seigneur nous dit dans cette parabole que son vrai disciple n’est pas celui qui ne pèche pas, qui jeûne et qui paie sa dîme, mais celui qui connaît ses péchés, les hait et en a honte devant Dieu. Le vrai chrétien n’est pas celui qui a su éviter le mal et s’est épanoui dans la pratique de la vertu, mais celui qui n’a d’autre espoir que la miséricorde de Dieu, qui ne compte plus sur lui-même, mais seulement sur la pitié du Créateur.
En fait, je déduis de la parabole de ce jour que l’attitude du chrétien se situe entre le narcissisme et le masochisme, entre l’euphorie et la dépression. Le chrétien est un réaliste : la connaissance de ses propres faiblesses et de ses limites est, pour lui, le début et le principe du salut. Il se tient à distance des Ténèbres suressentielles de Dieu, non par peur, mais dans une crainte de respect et d’amour. Il ne se met pas en avant face à Dieu, parce qu’il est conscient de la vanité de ses sacrifices et du caractère potentiellement éphémère de ses vertus et de ses exploits. Il se frappe la poitrine, parce qu’il a honte de ses péchés, mais il ne s’enfuit pas de devant la face de Dieu, parce qu’il croit dans l’amour infini du Père. Cette attitude réaliste est appelée humilité.
L’humilité dont je vous parle n’a rien à voir avec le masochisme ; elle comprend autant la conscience de sa misère que la conviction qu’elle n’est pas un obstacle au bonheur éternel et au salut que Dieu nous offre. Saint Silouane du Mont Athos était convaincu que l’humilité est l’unique condition du salut : « Pour être sauvé, il faut être humble ». Lui qui croyait que l’amour de Dieu pour les hommes est sans limites, que son désir de sauver chacun de nous est d’une puissance infinie, disait également que « si le Seigneur nous aime autant, mais qu’il nous arrive tout de même de tomber, c’est par manque d’humilité ». En effet, celui qui se croit tout bas ne tombe pas ; seuls chutent ceux qui se sont auparavant hissés eux-mêmes à des hauteurs imaginaires. Vraiment, « tout homme qui s’élève sera abaissé, mais celui qui s’abaisse sera élevé ».
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La lecture de la parabole du pharisien et du publicain inaugure, dans la liturgie orthodoxe, le temps de préparation au Carême de Pâques. Dans quatre semaines, nous entrerons, nous aussi, dans cette période très particulière où nous contemplons, de façon encore plus intense que le reste de l’année, le mystère de l’abaissement du Fils de Dieu, de sa mort et de sa résurrection.
Il n’y a pas de meilleure introduction au Carême que cette parabole de l’Évangile de Luc que nous venons d’entendre. Elle bouleverse la vision commune de la religion comme élévation individuelle ; elle fait voler en éclats la conception banale de la morale comme abstention du mal et accomplissement d’actes bons. En fait, de cette parabole du Seigneur, je conclus personnellement que le christianisme n’est, au fond, ni une religion, ni une morale, mais le fait de croire dans l’amour sans limites du Créateur, tout en connaissant ses propres limites, de suivre le Christ dans son abaissement, d’accepter le pardon de Dieu.
Le Seigneur nous dit dans cette parabole que son vrai disciple n’est pas celui qui ne pèche pas, qui jeûne et qui paie sa dîme, mais celui qui connaît ses péchés, les hait et en a honte devant Dieu. Le vrai chrétien n’est pas celui qui a su éviter le mal et s’est épanoui dans la pratique de la vertu, mais celui qui n’a d’autre espoir que la miséricorde de Dieu, qui ne compte plus sur lui-même, mais seulement sur la pitié du Créateur.
En fait, je déduis de la parabole de ce jour que l’attitude du chrétien se situe entre le narcissisme et le masochisme, entre l’euphorie et la dépression. Le chrétien est un réaliste : la connaissance de ses propres faiblesses et de ses limites est, pour lui, le début et le principe du salut. Il se tient à distance des Ténèbres suressentielles de Dieu, non par peur, mais dans une crainte de respect et d’amour. Il ne se met pas en avant face à Dieu, parce qu’il est conscient de la vanité de ses sacrifices et du caractère potentiellement éphémère de ses vertus et de ses exploits. Il se frappe la poitrine, parce qu’il a honte de ses péchés, mais il ne s’enfuit pas de devant la face de Dieu, parce qu’il croit dans l’amour infini du Père. Cette attitude réaliste est appelée humilité.
L’humilité dont je vous parle n’a rien à voir avec le masochisme ; elle comprend autant la conscience de sa misère que la conviction qu’elle n’est pas un obstacle au bonheur éternel et au salut que Dieu nous offre. Saint Silouane du Mont Athos était convaincu que l’humilité est l’unique condition du salut : « Pour être sauvé, il faut être humble ». Lui qui croyait que l’amour de Dieu pour les hommes est sans limites, que son désir de sauver chacun de nous est d’une puissance infinie, disait également que « si le Seigneur nous aime autant, mais qu’il nous arrive tout de même de tomber, c’est par manque d’humilité ». En effet, celui qui se croit tout bas ne tombe pas ; seuls chutent ceux qui se sont auparavant hissés eux-mêmes à des hauteurs imaginaires. Vraiment, « tout homme qui s’élève sera abaissé, mais celui qui s’abaisse sera élevé ».