"Pierre, m'aimes-tu plus que ceux-ci? Alors, pais mes agneaux". Homélie pour la fête de S. Jean Chrysostome



Frères, la fête de saint Jean Chrysostome, archevêque de Constantinople, un des plus remarquables témoins de l’Église au Ve siècle, me fait penser à un épisode particulier de l’Évangile : au dialogue du Christ ressuscité avec Simon-Pierre, au bord du lac de Galilée.

En voici la raison : vous savez qu’une des œuvres majeures de saint Jean sont les cinq Dialogues sur le sacerdoce. Eh bien, dans le deuxième dialogue, le Chrysostome développe une idée magnifique : le sacerdoce est une des plus grandes preuves d’amour pour le Christ qu’un homme peut produire. Cette idée est fondée sur le passage de l’évangile de Jean que je viens d’évoquer. Elle résume non seulement l’enseignement du Chrysostome, sa vision de l’Église, mais aussi sa propre vie : nous ne pouvons pas aimer le Père sans aimer son Verbe, et nous ne pouvons pas aimer l’un et l’autre sans aimer le peuple que le Père a racheté par le sang de son Fils unique. Ainsi, celui qui aime le Seigneur Jésus aime forcément son Église qu’il a acquise par son sang, pour laquelle il est mort. Cet amour du Père invisible, du Fils devenu homme et de son Corps vivant sur la terre, l’Église, pousse les gens comme nous à renoncer à nos parents, à nos épouses, aux biens et aux honneurs de ce monde, pour nous donner au peuple de Dieu. Notre mariage avec l’Église est l’expression la plus forte dont nous sommes capables de notre amour pour Jésus et pour son Père.

Voici comment Jean Chrysostome parle du dialogue entre Jésus et Pierre :

« Pierre lui dit-il, m’aimes-tu plus que ceux-ci ? » Il aurait pu lui dire : Si tu m’aimes, entraîne-toi au jeûne, à coucher par terre, aux veilles prolongées, à défendre les opprimés, à être pour les orphelins un père, à servir de protecteur à leur mère. Mais en réalité, que dit-il ? « Pais mes brebis » (Dialogues sur le sacerdoce II, 1 : SC 272, p. 104).

Ainsi, si nous acceptons de paître, pour le Christ, ses agneaux et ses brebis, pour lesquels il est venu dans ce monde et a souffert sur la croix, c’est parce que nous aimons Jésus plus que tout autre. Inversement, de sa part, nous laisser le soin de ceux qu’il a aimés jusqu’à la Croix est la preuve d’une confiance inouïe : il nous confie ce qu’il a de plus précieux, il nous associe à sa propre œuvre du salut. Il y a donc entre les prêtres et le Seigneur Jésus un lien d’une solidité extraordinaire : l’amour pour le peuple de Dieu, pour l’Église, pour chaque être humain. Tu aimes le Christ plus que tout? Alors, pais ses agneaux et prends soin de ses brebis!
"Pierre, m'aimes-tu plus que ceux-ci? Alors, pais mes agneaux". Homélie pour la fête de S. Jean Chrysostome

Jeudi 27 Novembre 2014
Alexandre Siniakov