« Mon enfant, rappelle-toi : tu as reçu le bonheur pendant ta vie, et Lazare, le malheur pendant la sienne. Maintenant, lui, il trouve ici la consolation, et toi, la souffrance. » Dans cette parabole, Jésus reprend la conception juive de la fin des temps et de la rétribution ultime non pas tant pour les faire siennes que pour montrer l’incohérence de la religion arrogante et autosuffisante d’une grande partie du peuple élu. Elle n’est pas une révélation eschatologique, mais l’annonce du rejet du Ressuscité par une partie d’Israël, celle qui manquera de pauvreté de l’esprit : « S’ils n’écoutent pas Moïse ni les Prophètes, quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts : ils ne seront pas convaincus. »
« Un grand abîme a été établi entre vous et nous, pour que ceux qui voudraient passer vers vous ne le puissent pas, et que, de là-bas non plus, on ne traverse pas vers nous. » Ce grand abîme, prétendument infranchissable, Jésus l’évoque dans cette parabole comme une image, peut-être ironique. En effet, cet abîme, il le franchit lui-même en descendant après sa mort dans l’enfer pour en faire ressortir les séquestrés. Gardons donc l’image de cette parabole pour ce qu’elle est – une fine dérision de la prétentieuse eschatologie rétributive des nantis spirituels – et ne faisons pas de déductions spéculatives et irréfragables sur ce qui nous échappera toujours, même à nous, disciples du Ressuscité : le mystère de la fin du monde et le sort ultime des créatures de Dieu.
Le peu que nous en savons est bien résumé dans ces paroles de Nicolas Berdiaev : « Pour la conscience chrétienne, la béatitude paradisiaque correspond au Royaume du Christ et elle est inconcevable en dehors de Lui. Or, ce point à lui seul modifie toute la face du problème. Car alors la croix et la souffrance font partie de cette béatitude. Le Fils de Dieu qui est aussi le Fils de l’Homme descend dans l’enfer pour y libérer ceux qui y souffrent. Le mystère de la croix élimine donc le paradoxe fondamental de la félicité paradisiaque qu’engendrera la liberté. Désormais, pour que le mal soit vaincu, le bien doit se crucifier. Il apparaît sous un nouvel aspect : loin de condamner les méchants au supplice éternel, il accepte lui-même d’être supplicié. Les bons ne vouent pas les méchants à la perdition et ne recherchent pas leur propre triomphe, mais descendent eux-mêmes en enfer, aux côtés de Jésus, pour les en libérer. Toutefois, cette libération ne peut pas comporter de violence. Et là gît toute la difficulté du problème. On ne peut le résoudre humainement… Ni Dieu ni l’homme ne peuvent violer la liberté et contraindre les méchants au bien et à la félicité. Seul le Dieu-Homme qui unit mystérieusement en lui la grâce et la liberté connaît le mystère de cette libération. »
« Un grand abîme a été établi entre vous et nous, pour que ceux qui voudraient passer vers vous ne le puissent pas, et que, de là-bas non plus, on ne traverse pas vers nous. » Ce grand abîme, prétendument infranchissable, Jésus l’évoque dans cette parabole comme une image, peut-être ironique. En effet, cet abîme, il le franchit lui-même en descendant après sa mort dans l’enfer pour en faire ressortir les séquestrés. Gardons donc l’image de cette parabole pour ce qu’elle est – une fine dérision de la prétentieuse eschatologie rétributive des nantis spirituels – et ne faisons pas de déductions spéculatives et irréfragables sur ce qui nous échappera toujours, même à nous, disciples du Ressuscité : le mystère de la fin du monde et le sort ultime des créatures de Dieu.
Le peu que nous en savons est bien résumé dans ces paroles de Nicolas Berdiaev : « Pour la conscience chrétienne, la béatitude paradisiaque correspond au Royaume du Christ et elle est inconcevable en dehors de Lui. Or, ce point à lui seul modifie toute la face du problème. Car alors la croix et la souffrance font partie de cette béatitude. Le Fils de Dieu qui est aussi le Fils de l’Homme descend dans l’enfer pour y libérer ceux qui y souffrent. Le mystère de la croix élimine donc le paradoxe fondamental de la félicité paradisiaque qu’engendrera la liberté. Désormais, pour que le mal soit vaincu, le bien doit se crucifier. Il apparaît sous un nouvel aspect : loin de condamner les méchants au supplice éternel, il accepte lui-même d’être supplicié. Les bons ne vouent pas les méchants à la perdition et ne recherchent pas leur propre triomphe, mais descendent eux-mêmes en enfer, aux côtés de Jésus, pour les en libérer. Toutefois, cette libération ne peut pas comporter de violence. Et là gît toute la difficulté du problème. On ne peut le résoudre humainement… Ni Dieu ni l’homme ne peuvent violer la liberté et contraindre les méchants au bien et à la félicité. Seul le Dieu-Homme qui unit mystérieusement en lui la grâce et la liberté connaît le mystère de cette libération. »