Jn 1, 43-51: En ce temps-là, Jésus résolut de gagner la Galilée. Il trouve Philippe et lui dit : « Suis-moi. » Or, Philippe était de Bethsaïde, la ville d'André et de Pierre. Il va trouver Nathanaël et lui dit : « Celui dont il est écrit dans la Loi de Moïse et dans les prophètes, nous l'avons trouvé : c'est Jésus, le fils de Joseph, de Nazareth. » — « De Nazareth, lui dit Nathanaël, peut-il sortir quelque chose de bon ? » Philippe lui dit : « Viens et vois. » Jésus regarde Nathanaël qui venait à lui et il dit à son propos : « Voici un véritable Israélite en qui il n'est point d'artifice. » — « D'où me connais-tu ? » lui dit Nathanaël ; et Jésus de répondre : « Avant même que Philippe ne t'appelât, alors que tu étais sous le figuier, je t'ai vu. » Nathanaël reprit : « Rabbi, tu es le Fils de Dieu, tu es le roi d'Israël. » Jésus lui répondit : « Parce que je t'ai dit que je t'avais vu sous le figuier, tu crois. Tu verras des choses bien plus grandes. » Et il ajouta : « En vérité, en vérité, je vous le dis, vous verrez le ciel ouvert et les anges de Dieu monter et descendre au-dessus du Fils de l'homme. »
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Dimanche du triomphe de l’Orthodoxie : c’est ainsi que ce premier dimanche du Carême est appelé dans la liturgie byzantine. Cette fête fut instituée pour célébrer le septième concile œcuménique qui condamna l’iconoclasme et réaffirma le caractère orthodoxe de la vénération des saintes icônes, en particulier, des images du Christ Sauveur dont l’humanité a toutes les raisons d’être représentée, parce qu’elle est aussi réelle et parfaite que sa divinité.
Aujourd’hui, la portée de cette solennité du Triomphe de l’Orthodoxie dépasse largement le cadre historique de la victoire sur l’iconoclasme et de la fin des controverses christologiques du premier millénaire. Ce premier dimanche du Carême est devenue une vraie fête – très populaire – de la foi orthodoxe. Il est heureux que l’orthodoxie de la foi soit célébrée dans le prolongement de la première semaine du Carême qui se distingue par des efforts particuliers du jeûne et de la prière. Ainsi, la fête de la foi et de la contemplation complète très opportunément la semaine de l’ascèse et de la charité actives. Cela répond parfaitement à l’esprit du grand canon pénitentiel de saint André de Crète, chanté avec beaucoup de solennité et d’emphase aux complies de la première semaine du Carême. Voici ce qui y est dit : « O mon âme, éveille-toi et combats comme Jacob afin d’obtenir, avec l’action, la connaissance et la vision de Dieu, la radieuse contemplation, cette perle de grand prix » (Ode 4).
La vie spirituelle des chrétiens repose sur ces deux colonnes : l’action et la contemplation ; ou, en d’autres termes, l’ascèse et la foi. Nous savons tous qu’il ne peut y avoir l’une sans l’autre : une foi sans œuvres est une foi stérile, inutile, de même qu’une ascèse sans la connaissance de Dieu n’est qu’un entraînement physique. L’équation salutaire est donc, pour nous, la foi orthodoxe plus l’action, caritative et ascétique. Après une semaine d’action, nous célébrons donc la foi – la foi orthodoxe confessée par l’Église catholique et apostolique.
Voilà un autre binôme qui mérite attention : la foi orthodoxe et l’Église catholique. L’histoire des divisions chrétiennes a séparé, dans le langage courant, ces deux notions : ainsi, l’adjectif « orthodoxe » est réservé à nous, chrétiens orientaux issus de la tradition des sept conciles œcuméniques ; tandis que le qualificatif « catholique » est appliqué à l’Église romaine. Pourtant, nous professons, dans le Symbole de foi, l’Église une, sainte, catholique et apostolique. Nous savons aussi qu’une Église qui confesse une foi qui n’est pas orthodoxe ne peut être catholique ; de même que l’Église catholique ne peut professer que la foi orthodoxe.
Le triomphe de l’orthodoxie, c’est le triomphe de la foi confirmée par l’action, le triomphe de la tradition apostolique, la fête de l’unité dans la sainteté et la victoire de l’Église catholique. Comme le disait le père Georges Florovsky, « une, sainte, catholique, apostolique : ces prédicats ne sont pas indépendants l’un de l’autre ; il y a entre eux une liaison organique et intime. L’Église n’est une que par sa sainteté, c’est-à-dire par la grâce sanctifiante de l’Esprit. Elle est sainte parce qu’elle est apostolique, c’est-à-dire liée aux Apôtres par la continuité vivante des charismes. Elle est catholique par la grâce de l’Esprit, qui en fait le seul corps du Seigneur unique. Mais c’est une unité dans la multiplicité, une unité vivante et différenciée. Car l’Église est, et doit être, une image créée de la Trinité, auguste et très sainte, qui est le Dieu un et unique » (« Le corps du Christ vivant : une interprétation orthodoxe de l'Église », dans La Sainte Église Universelle: Confrontation œcuménique, Neuchâtel, 1948, p. 39).
Le Triomphe de l’orthodoxie est aussi l’accomplissement de la prophétie du Seigneur Jésus à Nathanaël, parce que l’Église catholique et apostolique qui confesse la foi orthodoxe dans l’unité du Dieu-Trinité et dans l’incarnation du Verbe éternel est vraiment le lieu où nous contemplons le ciel ouvert et où nous voyons « les anges de Dieu monter et descendre au-dessus du Fils de l'homme » (Jn 1, 51).
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Dimanche du triomphe de l’Orthodoxie : c’est ainsi que ce premier dimanche du Carême est appelé dans la liturgie byzantine. Cette fête fut instituée pour célébrer le septième concile œcuménique qui condamna l’iconoclasme et réaffirma le caractère orthodoxe de la vénération des saintes icônes, en particulier, des images du Christ Sauveur dont l’humanité a toutes les raisons d’être représentée, parce qu’elle est aussi réelle et parfaite que sa divinité.
Aujourd’hui, la portée de cette solennité du Triomphe de l’Orthodoxie dépasse largement le cadre historique de la victoire sur l’iconoclasme et de la fin des controverses christologiques du premier millénaire. Ce premier dimanche du Carême est devenue une vraie fête – très populaire – de la foi orthodoxe. Il est heureux que l’orthodoxie de la foi soit célébrée dans le prolongement de la première semaine du Carême qui se distingue par des efforts particuliers du jeûne et de la prière. Ainsi, la fête de la foi et de la contemplation complète très opportunément la semaine de l’ascèse et de la charité actives. Cela répond parfaitement à l’esprit du grand canon pénitentiel de saint André de Crète, chanté avec beaucoup de solennité et d’emphase aux complies de la première semaine du Carême. Voici ce qui y est dit : « O mon âme, éveille-toi et combats comme Jacob afin d’obtenir, avec l’action, la connaissance et la vision de Dieu, la radieuse contemplation, cette perle de grand prix » (Ode 4).
La vie spirituelle des chrétiens repose sur ces deux colonnes : l’action et la contemplation ; ou, en d’autres termes, l’ascèse et la foi. Nous savons tous qu’il ne peut y avoir l’une sans l’autre : une foi sans œuvres est une foi stérile, inutile, de même qu’une ascèse sans la connaissance de Dieu n’est qu’un entraînement physique. L’équation salutaire est donc, pour nous, la foi orthodoxe plus l’action, caritative et ascétique. Après une semaine d’action, nous célébrons donc la foi – la foi orthodoxe confessée par l’Église catholique et apostolique.
Voilà un autre binôme qui mérite attention : la foi orthodoxe et l’Église catholique. L’histoire des divisions chrétiennes a séparé, dans le langage courant, ces deux notions : ainsi, l’adjectif « orthodoxe » est réservé à nous, chrétiens orientaux issus de la tradition des sept conciles œcuméniques ; tandis que le qualificatif « catholique » est appliqué à l’Église romaine. Pourtant, nous professons, dans le Symbole de foi, l’Église une, sainte, catholique et apostolique. Nous savons aussi qu’une Église qui confesse une foi qui n’est pas orthodoxe ne peut être catholique ; de même que l’Église catholique ne peut professer que la foi orthodoxe.
Le triomphe de l’orthodoxie, c’est le triomphe de la foi confirmée par l’action, le triomphe de la tradition apostolique, la fête de l’unité dans la sainteté et la victoire de l’Église catholique. Comme le disait le père Georges Florovsky, « une, sainte, catholique, apostolique : ces prédicats ne sont pas indépendants l’un de l’autre ; il y a entre eux une liaison organique et intime. L’Église n’est une que par sa sainteté, c’est-à-dire par la grâce sanctifiante de l’Esprit. Elle est sainte parce qu’elle est apostolique, c’est-à-dire liée aux Apôtres par la continuité vivante des charismes. Elle est catholique par la grâce de l’Esprit, qui en fait le seul corps du Seigneur unique. Mais c’est une unité dans la multiplicité, une unité vivante et différenciée. Car l’Église est, et doit être, une image créée de la Trinité, auguste et très sainte, qui est le Dieu un et unique » (« Le corps du Christ vivant : une interprétation orthodoxe de l'Église », dans La Sainte Église Universelle: Confrontation œcuménique, Neuchâtel, 1948, p. 39).
Le Triomphe de l’orthodoxie est aussi l’accomplissement de la prophétie du Seigneur Jésus à Nathanaël, parce que l’Église catholique et apostolique qui confesse la foi orthodoxe dans l’unité du Dieu-Trinité et dans l’incarnation du Verbe éternel est vraiment le lieu où nous contemplons le ciel ouvert et où nous voyons « les anges de Dieu monter et descendre au-dessus du Fils de l'homme » (Jn 1, 51).