Syméon l’avait prédit : « Voici que cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de contradiction ».
Et voici que cette contradiction, que nous avons senti sourdre sous les pas de Jésus-Christ, et qui est venue habiter sa prédication, apparaît maintenant au grand jour.
Chacun, dans l’évangile que nous venons d’entendre, est en proie à la contradiction.
Celle qui n’est pas nommée est celle dont le geste sera commémoré partout où l’Évangile sera proclamé – dans le monde entier.
Ceux qui s’indignent du gaspillage du parfum sont ceux qui abandonnent Jésus et qui s’enfuient.
Celui qui jure fidélité est celui qui renie sous serment.
Celui qui embrasse est celui qui a trahi.
Le Seigneur Lui-même est en proie à la contradiction.
Celui qui reçoit l’onction du parfum est Celui qui lave les pieds.
Celui qui donne à boire à ses disciples dans la coupe est Celui qui prie pour que la coupe passe loin de Lui.
Celui qui sue est Celui qui saigne.
Celui qui est le verbe est Celui qui garde le silence.
Celui qui est la vérité est Celui qui est dit blasphémer.
Celui qui est la vie est Celui qui est dit mériter la mort.
Celui qui a guéri l’humanité avec sa salive est Celui qui en reçoit des crachats.
Et nous-mêmes, frères et sœurs, sommes partagés ce soir.
Entre la suavité du parfum et l’âpreté de la sueur de sang.
Entre la joie de partager le repas du Seigneur et l’effroi de savoir que ce partage n’est pas exclusif de la trahison.
Entre la tendresse du lavement de pied et la violence des crachats, des coups et des gifles.
Entre notre désir de veiller et l’irrésistible appel du sommeil.
Entre le reniement d’un œil sec et le repentir aux larmes amères.
Entre le rejet et l’acceptation de la coupe que le Père a disposée pour nous comme pour son Christ.
Ne craignons pas, frères et sœurs, toutes ces contradictions, et surtout ne cherchons ni à les refouler, ni à les briser, ni à les dépasser.
Mais vivons-les plutôt, à l’instigation de Simone Weil, comme l’union des contradictoires en tant que pinces pour saisir l’insaisissable.
Nous qui entrons dans les heures insaisissables où le premier à avoir cru est le premier à renier, où l’humanité rend honneur à Dieu en le frappant, en l’insultant et en lui crachant dessus, où l’angoisse creuse le lit de l’espérance, et où la mort fait subir à la vie son ultime initiation, laissons-nous déchirer par la grande contradiction de la mise à mort de Dieu.
Que nous dévorent la trahison et le remords, la promesse de la veille et la fatalité du sommeil, l’unité et la division immanentes au même repas, le serment de servir et celui de n’avoir pas connu – et les trois reniements que ne suffisent pas à racheter les larmes amères.
Qu’elle soit pour nous, cette contradiction, la dent des bêtes sous laquelle Ignace voulait être moulu.
Mais qu’elle soit aussi le pain trempé de vin que dans un instant nous mangerons pour nous amalgamer le Fils de Dieu, dans sa mort et dans sa résurrection.
Qu’elle soit enfin le chant du coq à l’aube du dernier jour de Dieu.
On ne se soumet pas les contraires, écrit encore Simone Weil, on soumet les contraires en soi à Dieu.
Comment cela ?
Par la vénération du Christ aux outrages et par l’expérience de la croix – puisqu’il faut "user de la souffrance en tant que contradiction éprouvée. Par cet usage elle est médiatrice, et par suite rédemptrice".
En ce jeudi saint, que Dieu nous donne de partager sa souffrance et sa contradiction éprouvée sur la croix comme il nous a donné de partager son corps très pur et son sang précieux.
Et voici que cette contradiction, que nous avons senti sourdre sous les pas de Jésus-Christ, et qui est venue habiter sa prédication, apparaît maintenant au grand jour.
Chacun, dans l’évangile que nous venons d’entendre, est en proie à la contradiction.
Celle qui n’est pas nommée est celle dont le geste sera commémoré partout où l’Évangile sera proclamé – dans le monde entier.
Ceux qui s’indignent du gaspillage du parfum sont ceux qui abandonnent Jésus et qui s’enfuient.
Celui qui jure fidélité est celui qui renie sous serment.
Celui qui embrasse est celui qui a trahi.
Le Seigneur Lui-même est en proie à la contradiction.
Celui qui reçoit l’onction du parfum est Celui qui lave les pieds.
Celui qui donne à boire à ses disciples dans la coupe est Celui qui prie pour que la coupe passe loin de Lui.
Celui qui sue est Celui qui saigne.
Celui qui est le verbe est Celui qui garde le silence.
Celui qui est la vérité est Celui qui est dit blasphémer.
Celui qui est la vie est Celui qui est dit mériter la mort.
Celui qui a guéri l’humanité avec sa salive est Celui qui en reçoit des crachats.
Et nous-mêmes, frères et sœurs, sommes partagés ce soir.
Entre la suavité du parfum et l’âpreté de la sueur de sang.
Entre la joie de partager le repas du Seigneur et l’effroi de savoir que ce partage n’est pas exclusif de la trahison.
Entre la tendresse du lavement de pied et la violence des crachats, des coups et des gifles.
Entre notre désir de veiller et l’irrésistible appel du sommeil.
Entre le reniement d’un œil sec et le repentir aux larmes amères.
Entre le rejet et l’acceptation de la coupe que le Père a disposée pour nous comme pour son Christ.
Ne craignons pas, frères et sœurs, toutes ces contradictions, et surtout ne cherchons ni à les refouler, ni à les briser, ni à les dépasser.
Mais vivons-les plutôt, à l’instigation de Simone Weil, comme l’union des contradictoires en tant que pinces pour saisir l’insaisissable.
Nous qui entrons dans les heures insaisissables où le premier à avoir cru est le premier à renier, où l’humanité rend honneur à Dieu en le frappant, en l’insultant et en lui crachant dessus, où l’angoisse creuse le lit de l’espérance, et où la mort fait subir à la vie son ultime initiation, laissons-nous déchirer par la grande contradiction de la mise à mort de Dieu.
Que nous dévorent la trahison et le remords, la promesse de la veille et la fatalité du sommeil, l’unité et la division immanentes au même repas, le serment de servir et celui de n’avoir pas connu – et les trois reniements que ne suffisent pas à racheter les larmes amères.
Qu’elle soit pour nous, cette contradiction, la dent des bêtes sous laquelle Ignace voulait être moulu.
Mais qu’elle soit aussi le pain trempé de vin que dans un instant nous mangerons pour nous amalgamer le Fils de Dieu, dans sa mort et dans sa résurrection.
Qu’elle soit enfin le chant du coq à l’aube du dernier jour de Dieu.
On ne se soumet pas les contraires, écrit encore Simone Weil, on soumet les contraires en soi à Dieu.
Comment cela ?
Par la vénération du Christ aux outrages et par l’expérience de la croix – puisqu’il faut "user de la souffrance en tant que contradiction éprouvée. Par cet usage elle est médiatrice, et par suite rédemptrice".
En ce jeudi saint, que Dieu nous donne de partager sa souffrance et sa contradiction éprouvée sur la croix comme il nous a donné de partager son corps très pur et son sang précieux.