Lc 8, 5-15: Le Seigneur dit au peuple venu à lui : « Le semeur est sorti pour semer sa semence. Comme il semait, du grain est tombé au bord du chemin ; on l’a piétiné et les oiseaux du ciel ont tout mangé. D’autre grain est tombé sur la pierre ; il a poussé et séché, faute d’humidité. D’autre grain est tombé au milieu des épines ; en poussant avec lui, les épines l’ont étouffé. D’autre grain est tombé dans la bonne terre ; il a poussé et produit du fruit au centuple. Sur quoi Jésus s’écria : « Celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende ! » Ses disciples lui demandèrent ce que signifiait cette parabole. Il dit : « A vous il est donné de connaître les mystères du Royaume de Dieu ; mais pour les autres, c’est en paraboles, pour qu’ils voient sans voir et qu’ils entendent sans comprendre. Et voici ce que signifie la parabole : la semence, c’est la parole de Dieu. Ceux qui sont au bord du chemin, ce sont ceux qui entendent, puis vient le diable et il enlève la parole de leur cœur, de peur qu’ils ne croient et ne soient sauvés. Ceux qui sont sur la pierre, ce sont qui accueillent la parole avec joie lorsqu’ils l’entendent, mais ils n’ont pas de racines : pendant un moment ils croient, mais au moment de la tentation ils abandonnent. Ce qui est tombé dans les épines, ce sont qui entendent et qui, du fait des soucis, des richesses et des plaisirs de la vie, sont étouffés en cours de route et n’arrivent pas à maturité. Ce qui est dans la bonne terre, ce sont qui entendent la parole dans un cœur loyal et bon, qui la retiennent et portent du fruit à force de persévérance ».
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Un prêtre de l’Eglise orthodoxe russe, bien connu en France – le père Alexandre Men – a consacré à cette lecture évangélique une homélie dont j’aimerais vous citer aujourd’hui quelques phrases. Pour le père Alexandre, témoin du déclin d’une société athée, qui dut annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus dans le contexte irrespirable de la fin de l’ère soviétique et qui fut assassiné au moment même où tombait le régime antichrétien (c’était le 9 septembre 1990), cette parabole du Seigneur est une parabole « triste » : « Vous avez entendu dans la lecture évangélique de ce jour la parabole du semeur. C’est une parabole triste qui montre comment les efforts de Dieu se brise contre l’indignité des hommes… Le Semeur divin plante dans nos cœurs sa Parole, mais souvent l’homme n’est pas prêt ou n’est pas capable de s’approprier la Semence divine, de la faire croître. Combien de semences sont tombées dans le vide ! Combien sont étouffées par les mauvaises herbes, combien se sont trouvées sans racine ! Il n’y en a qu’une qui est tombée sur la bonne terre et porté des fruits. Qu’est-ce que cela signifie ? Cela signifie que la Parole de Dieu, l’Esprit de Dieu, la puissance des sacrements qui nous est communiquée par l’Eglise, tout cela peut rester vain et stérile, parce que le sort de la Semence divine dépend aussi de la terre sur laquelle elle tombe. Aussi grande que soit la force du Verbe de Dieu, la force de sa grâce salutaire, si nous-mêmes, notre cœur, notre âme, notre vie, si nous ne sommes pas prêts à recevoir ce don de Dieu, tout restera stérile ».
En effet, lorsqu’il disait cela, le père Alexandre Men devait certainement penser à des exemples tragiques de l’histoire récente de la Russie où la semence de Dieu est non seulement tombée sur une terre peu propice, mais aussi – quelquefois – totalement hostile au Verbe de Dieu et à sa Bonne Nouvelle.
L’histoire de l’Eglise connaît sans cesse des hauts et des bas : la persécution est suivie d’un répit (toujours relatif néanmoins), aux époques sanglantes se succèdent des temps plus propices à l’annonce du message du salut. Les temps changent. Aujourd’hui, la semence du Verbe divin tombe peut être plus souvent en terre accueillante que naguère. Aussi bien en Europe de l’Est, qu’ici, en Occident. J’ai cependant une conviction, confirmée par la même parabole du Seigneur, qui n’est triste que d’un point de vue et joyeuse vue sous un autre angle : quoi qu’il arrive, quelle que soit la situation des sociétés humaines, il se trouvera toujours des hommes et des femmes qui recevront avec joie la Semence divine. Et – ô miracle de la Sagesse de Dieu – ils sauront faire multiplier la grâce de leur Seigneur de sorte qu’elle porte un fruit au centuple. Ils sauront faire grandir l’œuvre du Père Créateur, faire rayonner l’image divine qui est toujours en eux, c’est cette image qui porte des fruits lorsqu’elle est ravivée et déployée au contact avec le Verbe créateur et l’Esprit vivifiant.
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Un prêtre de l’Eglise orthodoxe russe, bien connu en France – le père Alexandre Men – a consacré à cette lecture évangélique une homélie dont j’aimerais vous citer aujourd’hui quelques phrases. Pour le père Alexandre, témoin du déclin d’une société athée, qui dut annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus dans le contexte irrespirable de la fin de l’ère soviétique et qui fut assassiné au moment même où tombait le régime antichrétien (c’était le 9 septembre 1990), cette parabole du Seigneur est une parabole « triste » : « Vous avez entendu dans la lecture évangélique de ce jour la parabole du semeur. C’est une parabole triste qui montre comment les efforts de Dieu se brise contre l’indignité des hommes… Le Semeur divin plante dans nos cœurs sa Parole, mais souvent l’homme n’est pas prêt ou n’est pas capable de s’approprier la Semence divine, de la faire croître. Combien de semences sont tombées dans le vide ! Combien sont étouffées par les mauvaises herbes, combien se sont trouvées sans racine ! Il n’y en a qu’une qui est tombée sur la bonne terre et porté des fruits. Qu’est-ce que cela signifie ? Cela signifie que la Parole de Dieu, l’Esprit de Dieu, la puissance des sacrements qui nous est communiquée par l’Eglise, tout cela peut rester vain et stérile, parce que le sort de la Semence divine dépend aussi de la terre sur laquelle elle tombe. Aussi grande que soit la force du Verbe de Dieu, la force de sa grâce salutaire, si nous-mêmes, notre cœur, notre âme, notre vie, si nous ne sommes pas prêts à recevoir ce don de Dieu, tout restera stérile ».
En effet, lorsqu’il disait cela, le père Alexandre Men devait certainement penser à des exemples tragiques de l’histoire récente de la Russie où la semence de Dieu est non seulement tombée sur une terre peu propice, mais aussi – quelquefois – totalement hostile au Verbe de Dieu et à sa Bonne Nouvelle.
L’histoire de l’Eglise connaît sans cesse des hauts et des bas : la persécution est suivie d’un répit (toujours relatif néanmoins), aux époques sanglantes se succèdent des temps plus propices à l’annonce du message du salut. Les temps changent. Aujourd’hui, la semence du Verbe divin tombe peut être plus souvent en terre accueillante que naguère. Aussi bien en Europe de l’Est, qu’ici, en Occident. J’ai cependant une conviction, confirmée par la même parabole du Seigneur, qui n’est triste que d’un point de vue et joyeuse vue sous un autre angle : quoi qu’il arrive, quelle que soit la situation des sociétés humaines, il se trouvera toujours des hommes et des femmes qui recevront avec joie la Semence divine. Et – ô miracle de la Sagesse de Dieu – ils sauront faire multiplier la grâce de leur Seigneur de sorte qu’elle porte un fruit au centuple. Ils sauront faire grandir l’œuvre du Père Créateur, faire rayonner l’image divine qui est toujours en eux, c’est cette image qui porte des fruits lorsqu’elle est ravivée et déployée au contact avec le Verbe créateur et l’Esprit vivifiant.