Ce dimanche 6 janvier, une partie des orthodoxes – ceux qui suivent l’ancien calendrier – s’apprêtent à célébrer la solennité de la Nativité de notre Seigneur (c'est le 24 décembre pour eux aujourd'hui). L’autre partie des orthodoxes – qui a adopté la réforme du calendrier – célèbre le 6 janvier la fête de la Théophanie, la fête de la Révélation de Dieu. L’usage liturgique contemporain de l’Église orthodoxe assimile la Théophanie au Baptême du Seigneur Jésus. Cette fête, très populaire dans les pays de l’Europe orientale, est marquée surtout par la bénédiction des eaux. Le nombre de personnes qui viennent, pour la Théophanie, chercher l’eau bénite dans les églises orthodoxes est impressionnant.
Peu d’orthodoxes savent que la fête de la Théophanie n’était pas toujours assimilée au Baptême du Christ. Ainsi, pour saint Grégoire le Théologien, archevêque de Constantinople à la fin du IVe siècle, la Théophanie, c’est la Nativité du Seigneur. Une de ses plus belles œuvres, le Discours pour la Théophanie, commence par les paroles : « Le Christ naît, rendez gloire ; le Christ vient des cieux, allez à sa rencontre ; le Christ est sur terre, élevez-vous » ; ces belles phrases sont reprises dans la liturgie orthodoxe de Noël. Plus loin, saint Grégoire explique que la même fête s’appelle Théophanie, parce que Dieu est apparu sur terre et Nativité, parce qu’il est né d’une femme. Mille cinq cents ans plus tard, par le hasard des différences du calendrier, nous voilà ramenés (en particulier nous, les orthodoxes vivant en France) à fêter à un jour de différence la Théophanie et la Nativité.
Pendant longtemps, en Orient, on célébrait en un seul jour – le 6 janvier – trois événements de la vie du Seigneur Jésus : sa naissance, l’adoration des mages et son Baptême. Cette fête unique était désignée comme Théophanie, ou Épiphanie, ou encore la fête des Lumières. Les deux premiers noms insistent sur la révélation de Dieu aux hommes, sur son apparition visible dans l’histoire humaine, tandis que le dernier, sur le fait que le Christ a apporté au monde la lumière. Puis, progressivement, on a séparé en deux solennités distinctes la Nativité et la Théophanie-Baptême.
Mais je crois que le fond il est resté. La période de deux semaines qui sépare les deux fêtes et qu’on appelle chez nous les « jours saints » ne les divise pas vraiment, mais plutôt les associe en un grand et magnifique cycle liturgique très festif et très joyeux où nous célébrons la venue de Dieu parmi nous, sa révélation aux hommes, la manifestation de la Trinité des personnes de l’unique divinité.
Le contenu de cette révélation est stupéfiant. La Théophanie du Christ s’est trouvée le contraire de ce qu’on en attendait. Le Messie n’est pas venu comme le Roi terrestre d’Israël, Dieu ne s’est pas manifesté dans la pompe et la magnificence. Dieu est venu sur terre en devenant homme. Le Christ s’est révélé à son peuple en acceptant le baptême des pécheurs dans le Jourdain. La Parole divine qui avait créé l’univers s’est fait connaître d’une manière totalement inattendue (même si ce caractère inattendu de la révélation finale de Dieu avait été pressenti par les prophètes de jadis). Le Créateur s’est solidarisé avec les pécheurs. Il a assumé la nature humaine avec ce qu’elle a de plus faible, de plus fragile, pour restaurer le lien originel entre la divinité incréée et éternelle et l’humanité, son œuvre la plus complexe et la plus remarquable. C’est cela que nous célébrons le jour de Noël, le jour de la Théophanie : l’amour de Dieu pour nous, sa venue comme homme et la divinisation de l’humanité par la volonté du Créateur.
Peu d’orthodoxes savent que la fête de la Théophanie n’était pas toujours assimilée au Baptême du Christ. Ainsi, pour saint Grégoire le Théologien, archevêque de Constantinople à la fin du IVe siècle, la Théophanie, c’est la Nativité du Seigneur. Une de ses plus belles œuvres, le Discours pour la Théophanie, commence par les paroles : « Le Christ naît, rendez gloire ; le Christ vient des cieux, allez à sa rencontre ; le Christ est sur terre, élevez-vous » ; ces belles phrases sont reprises dans la liturgie orthodoxe de Noël. Plus loin, saint Grégoire explique que la même fête s’appelle Théophanie, parce que Dieu est apparu sur terre et Nativité, parce qu’il est né d’une femme. Mille cinq cents ans plus tard, par le hasard des différences du calendrier, nous voilà ramenés (en particulier nous, les orthodoxes vivant en France) à fêter à un jour de différence la Théophanie et la Nativité.
Pendant longtemps, en Orient, on célébrait en un seul jour – le 6 janvier – trois événements de la vie du Seigneur Jésus : sa naissance, l’adoration des mages et son Baptême. Cette fête unique était désignée comme Théophanie, ou Épiphanie, ou encore la fête des Lumières. Les deux premiers noms insistent sur la révélation de Dieu aux hommes, sur son apparition visible dans l’histoire humaine, tandis que le dernier, sur le fait que le Christ a apporté au monde la lumière. Puis, progressivement, on a séparé en deux solennités distinctes la Nativité et la Théophanie-Baptême.
Mais je crois que le fond il est resté. La période de deux semaines qui sépare les deux fêtes et qu’on appelle chez nous les « jours saints » ne les divise pas vraiment, mais plutôt les associe en un grand et magnifique cycle liturgique très festif et très joyeux où nous célébrons la venue de Dieu parmi nous, sa révélation aux hommes, la manifestation de la Trinité des personnes de l’unique divinité.
Le contenu de cette révélation est stupéfiant. La Théophanie du Christ s’est trouvée le contraire de ce qu’on en attendait. Le Messie n’est pas venu comme le Roi terrestre d’Israël, Dieu ne s’est pas manifesté dans la pompe et la magnificence. Dieu est venu sur terre en devenant homme. Le Christ s’est révélé à son peuple en acceptant le baptême des pécheurs dans le Jourdain. La Parole divine qui avait créé l’univers s’est fait connaître d’une manière totalement inattendue (même si ce caractère inattendu de la révélation finale de Dieu avait été pressenti par les prophètes de jadis). Le Créateur s’est solidarisé avec les pécheurs. Il a assumé la nature humaine avec ce qu’elle a de plus faible, de plus fragile, pour restaurer le lien originel entre la divinité incréée et éternelle et l’humanité, son œuvre la plus complexe et la plus remarquable. C’est cela que nous célébrons le jour de Noël, le jour de la Théophanie : l’amour de Dieu pour nous, sa venue comme homme et la divinisation de l’humanité par la volonté du Créateur.