Homélie pour la solennité de la Dormition de la Mère de Dieu



Homélie pour la solennité de la Dormition de la Mère de Dieu
« La Mère de la Vie est passée à la vie ». Ces paroles, chers frères et sœurs, reviennent sans cesse dans la liturgie de la Dormition. Elles résument merveilleusement le paradoxe de la fête que nous célébrons aujourd’hui. Pour exprimer le mystère de la dormition de Celle qui est la Mère de Dieu, les hymnographes s’en sont donné à cœur joie à l’antithèse et à la juxtaposition dans une seule phrase des notions qui, habituellement, sont contradictoires.

Écoutez le début du tropaire de l’Assomption : « dans l’enfantement tu es restée vierge, dans ta dormition tu n’as pas abandonné le monde ». Marie, la Mère de Jésus-Christ, est la femme la plus paradoxale du genre humain (et ce n’est pas peu dire lorsqu’on sait à quel point toute femme est paradoxale). La vie de la Mère de Dieu est le paradoxe par excellence. La notion de paradoxe doit être comprise ici à la façon de Paul Valéry qui disait que c’est ainsi que les imbéciles appellent la vérité.

Il n’y a rien de plus paradoxal que la maternité virginale de Marie, il n’y a rien de plus paradoxal que la maternité divine de cette fille d’Israël, il n’y a rien de plus paradoxal que son passage de la mort à la vie de son Fils. Et pourtant, il n’y a rien de plus vrai : Marie a donné la vie humaine à la Sagesse éternelle, elle a mis au monde le Créateur du monde, elle est le témoin le plus intime du mystère de l’incarnation de Dieu. Elle a vu grandir, dans un corps, le Verbe origine de la vie. Elle a vu souffrir l’Impassible. Elle a contemplé la mort du Sauveur. Elle a embrassé le Christ ressuscité. Elle a vu le Fils de l’homme s’élever à la gloire du Père. Elle a vu l’Esprit descendre sur les apôtres et se répandre dans l’espace et le temps de l’humanité.

Tout cela semble paradoxal aux imbéciles que nous sommes, mais les croyants que nous avons la chance d’être, nous qui avons reçu le même Esprit qui habitait Marie, nous savons que ce paradoxe est la vérité. C’est la vérité du salut que Dieu nous offre.

Les disciples du Christ que nous sommes, nous ne pouvons ne pas aimer la femme qui a mis au monde notre Seigneur. Un homme éprouve normalement beaucoup de tendresse pour la mère de son meilleur ami. Un chrétien ressent naturellement une immense vénération pour la Mère de Jésus qui a donné sa vie pour nous, ses amis. Plus nous aimons le Christ, plus nous vénérons Marie, la Théotokos, l’humble servante du Dieu qui l’a glorifiée au-dessus des chérubins et des séraphins, en la choisissant pour la Mère de son Fils.

Aussi fort que soit notre amour pour le Seigneur, aussi forte et sincère soit notre affection pour sa Mère, ils ne seront jamais aussi forts que le Christ et Marie, la Vierge très pure, ont pour nous. Ne soyons pas des ingrats et offrons toute notre vie au Sauveur qui a donné la sienne pour le salut de chacun de nous.

Dimanche 28 Août 2011
Alexandre Siniakov