Chers frères, l’héritage laissé à l’Eglise par saint Jean Chrysostome, dont nous célébrons aujourd’hui la mémoire, est d’une rare richesse. Sa postérité est difficile à surestimer, tant l’exemple de son ministère et ses nombreux écrits ont inspiré les générations des chrétiens.
Cet héritage de Jean Chrysostome comprend une œuvre, très connue, qui mérite que nous en reparlions aujourd’hui, dans notre communauté du séminaire ; une œuvre qui concerne particulièrement les prêtres et futurs prêtres, une œuvre que tout séminariste doit lire et relire, fréquenter régulièrement. Ce sont les Dialogues sur le sacerdoce. Dans ces six formidables fascicules, Jean explique ses réticences à accepter la croix du ministère épiscopal et présente ainsi le sens du sacerdoce de l'Eglise.
Pour notre festin spirituel de ce jour, avant de vous convier au banquet de l’Agneau et de vous offrir le pain de la vie et la coupe du salut, j’aimerais vous servir en guise d’entrée au repas divin une idée contenue dans les Dialogues sur le sacerdoce de Jean Chrysostome. Voilà quelque chose que vous pouvez consommer sans modération !
L’idée en question consiste à envisager le ministère pastoral – celui du prêtre et de l’évêque – comme la preuve éminente et ultime de l’amour d’un disciple pour son Maître. Saint Jean Chrysostome la développe à partir du dialogue du Christ ressuscité avec l’apôtre Pierre (Jn 21, 15-17). Vous vous souvenez qu’après sa résurrection, rencontrant pour la troisième fois ses disciples et partageant avec eux un repas, le Seigneur Jésus interrogea par trois fois Pierre en lui demandant : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu plus que ceux-ci ? » Et lorsque Pierre lui répondit : « Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime », Jésus lui dit : « Pais mes agneaux ». En commentant cet épisode évangélique, Chrysostome souligne que le Christ n’a pas demandé à Pierre de prouver son amour par le jeûne, la prière, l’abstinence, la réclusion, l’ascèse, mais en acceptant de paître le troupeau de l’Eglise. Pour un disciple du Christ, accepter de devenir le pasteur des agneaux et des brebis de Dieu est donc la preuve la plus grande de l’amour pour le Maître. C’est cette acceptation qui devient le témoignage suprême de l’intention de renoncer à soi-même et de se remettre pleinement à la volonté de Dieu.
C’est une monstrueuse erreur que de considérer le ministère ecclésial (qu’il s’agisse du diaconat, du sacerdoce ou de l’épiscopat) comme d’une promotion sociale, une récompense ou une dignité enviable et mondaine. Comme le rappelle avec insistance le Chrysostome, le sacerdoce est une responsabilité au-delà des capacités humaines, c’est un honneur angélique dont aucun homme n’est digne, c’est une charge insoutenable pour les épaules humaines seules. Si nous acceptons ce fardeau, c’est uniquement par amour de Celui qui nous appelle, par obéissance au Maître qui veut que nous lui montrions notre amour, en nous donnant tout entiers à la tache de conduire le troupeau de son peuple, de son Corps vivant, sanctifié par son sang et acquis au Père pour la gloire éternelle. C’est parce que nous aimons de tout notre cœur le Sauveur que nous acceptons son appel à devenir les pasteurs de ceux qu’il a rachetés. Toute autre raison pour accéder au ministère de l’Eglise n’est pas bonne.
Le prêtre est l’intendant des mystères de Dieu : il offre le sacrifice du Christ et distribue aux fidèles le Corps et le Sang du Verbe de Dieu devenu homme : il aura à rendre compte au Jugement dernier de chaque miette de ce corps béni. Le prêtre est le pasteur de ceux pour qui le Christ est mort : il devra répondre de chaque homme qu’il aura croisé dans sa vie. Il est celui qui annonce la Parole vivifiante : tout ce qui ne contribue pas à faire rayonner l’Evangile de la résurrection est pour lui vanité qui le condamne. Tout ce que le prêtre ne fait pas pour annoncer le Christ et son Royaume est stérile et néfaste pour lui. Alors, de ce point de vue, n’est-ce pas une folie d’accepter ce ministère ? Oui, c’est une pure folie, qui n’a de sens que si elle est la manifestation de l’amour pour le Seigneur qui appelle un chrétien à devenir pasteur, à assumer le ministère sacerdotal.
Selon Jean Chrysostome, « le sacerdoce est accompli sur la terre, mais il est ordonné selon les règles du ciel… Son déroulement est ordonné non pas par un homme, ni par un ange, ni par un archange, ni par toute autre puissance créée, mais par l’Esprit Consolateur lui-même ». Dans tout autre domaine, les hommes ont pour patron et supérieur un homme ou une femme, nous, prêtres, nous avons pour Chef le Verbe de Dieu lui-même à qui nous devrons rendre compte de chaque être humain mis sur notre route. Jean Chrysostome le savait : l’âme du prêtre est tourmentée plus que celle des autres chrétiens. Elle est déchaînée, disait-il, par des tourbillons plus terribles que ceux qui émeuvent les océans.
Mais la grâce accordée par l’Esprit à un prêtre est à la hauteur de la tache effroyable qui lui est confiée. Le Seigneur Jésus accorde au prêtre l’aide à la mesure de l’amour que ce dernier a pour Dieu. Un prêtre qui sait, au plus intime de son cœur, qu’il a embrassé le sacerdoce en répondant à l’appel de son Seigneur, sans aucun autre motif que de satisfaire la demande du Maître qu’il aime, un tel prêtre trouvera dans son amour la force et la sagesse nécessaires pour paître les agneaux raisonnables de Dieu. L’amour qu’il a pour Jésus-Christ le guidera dans son ministère. Un prêtre qui aime vraiment le Seigneur Jésus, aimera sincèrement et profondément chaque homme en qui il discernera l’image du Créateur. Un prêtre qui aime le Christ, aimera chaque être humain parce qu’il saura que son Maître bien-aimé a versé pour lui son sang sur la Croix. Un tel prêtre ne supportera pas de voir souffrir n’importe quel homme, parce que Jésus est mort pour le sauver.
C’est une joie immense d’aimer ceux que le Christ aime. C’est un bonheur infini, de servir ceux que le Verbe de Dieu est venu servir. C’est une grâce incroyable de pouvoir donner sa vie à ceux pour qui le Fils de Dieu a donné sa vie. C’est la consolation du pasteur, c’était celle de saint Jean Chrysostome que je vous invite à prier aujourd’hui pour chacun de nos séminaristes qu’ils soient dignes de prouver leur amour du Christ en acceptant de paître ses agneaux.
Cet héritage de Jean Chrysostome comprend une œuvre, très connue, qui mérite que nous en reparlions aujourd’hui, dans notre communauté du séminaire ; une œuvre qui concerne particulièrement les prêtres et futurs prêtres, une œuvre que tout séminariste doit lire et relire, fréquenter régulièrement. Ce sont les Dialogues sur le sacerdoce. Dans ces six formidables fascicules, Jean explique ses réticences à accepter la croix du ministère épiscopal et présente ainsi le sens du sacerdoce de l'Eglise.
Pour notre festin spirituel de ce jour, avant de vous convier au banquet de l’Agneau et de vous offrir le pain de la vie et la coupe du salut, j’aimerais vous servir en guise d’entrée au repas divin une idée contenue dans les Dialogues sur le sacerdoce de Jean Chrysostome. Voilà quelque chose que vous pouvez consommer sans modération !
L’idée en question consiste à envisager le ministère pastoral – celui du prêtre et de l’évêque – comme la preuve éminente et ultime de l’amour d’un disciple pour son Maître. Saint Jean Chrysostome la développe à partir du dialogue du Christ ressuscité avec l’apôtre Pierre (Jn 21, 15-17). Vous vous souvenez qu’après sa résurrection, rencontrant pour la troisième fois ses disciples et partageant avec eux un repas, le Seigneur Jésus interrogea par trois fois Pierre en lui demandant : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu plus que ceux-ci ? » Et lorsque Pierre lui répondit : « Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime », Jésus lui dit : « Pais mes agneaux ». En commentant cet épisode évangélique, Chrysostome souligne que le Christ n’a pas demandé à Pierre de prouver son amour par le jeûne, la prière, l’abstinence, la réclusion, l’ascèse, mais en acceptant de paître le troupeau de l’Eglise. Pour un disciple du Christ, accepter de devenir le pasteur des agneaux et des brebis de Dieu est donc la preuve la plus grande de l’amour pour le Maître. C’est cette acceptation qui devient le témoignage suprême de l’intention de renoncer à soi-même et de se remettre pleinement à la volonté de Dieu.
C’est une monstrueuse erreur que de considérer le ministère ecclésial (qu’il s’agisse du diaconat, du sacerdoce ou de l’épiscopat) comme d’une promotion sociale, une récompense ou une dignité enviable et mondaine. Comme le rappelle avec insistance le Chrysostome, le sacerdoce est une responsabilité au-delà des capacités humaines, c’est un honneur angélique dont aucun homme n’est digne, c’est une charge insoutenable pour les épaules humaines seules. Si nous acceptons ce fardeau, c’est uniquement par amour de Celui qui nous appelle, par obéissance au Maître qui veut que nous lui montrions notre amour, en nous donnant tout entiers à la tache de conduire le troupeau de son peuple, de son Corps vivant, sanctifié par son sang et acquis au Père pour la gloire éternelle. C’est parce que nous aimons de tout notre cœur le Sauveur que nous acceptons son appel à devenir les pasteurs de ceux qu’il a rachetés. Toute autre raison pour accéder au ministère de l’Eglise n’est pas bonne.
Le prêtre est l’intendant des mystères de Dieu : il offre le sacrifice du Christ et distribue aux fidèles le Corps et le Sang du Verbe de Dieu devenu homme : il aura à rendre compte au Jugement dernier de chaque miette de ce corps béni. Le prêtre est le pasteur de ceux pour qui le Christ est mort : il devra répondre de chaque homme qu’il aura croisé dans sa vie. Il est celui qui annonce la Parole vivifiante : tout ce qui ne contribue pas à faire rayonner l’Evangile de la résurrection est pour lui vanité qui le condamne. Tout ce que le prêtre ne fait pas pour annoncer le Christ et son Royaume est stérile et néfaste pour lui. Alors, de ce point de vue, n’est-ce pas une folie d’accepter ce ministère ? Oui, c’est une pure folie, qui n’a de sens que si elle est la manifestation de l’amour pour le Seigneur qui appelle un chrétien à devenir pasteur, à assumer le ministère sacerdotal.
Selon Jean Chrysostome, « le sacerdoce est accompli sur la terre, mais il est ordonné selon les règles du ciel… Son déroulement est ordonné non pas par un homme, ni par un ange, ni par un archange, ni par toute autre puissance créée, mais par l’Esprit Consolateur lui-même ». Dans tout autre domaine, les hommes ont pour patron et supérieur un homme ou une femme, nous, prêtres, nous avons pour Chef le Verbe de Dieu lui-même à qui nous devrons rendre compte de chaque être humain mis sur notre route. Jean Chrysostome le savait : l’âme du prêtre est tourmentée plus que celle des autres chrétiens. Elle est déchaînée, disait-il, par des tourbillons plus terribles que ceux qui émeuvent les océans.
Mais la grâce accordée par l’Esprit à un prêtre est à la hauteur de la tache effroyable qui lui est confiée. Le Seigneur Jésus accorde au prêtre l’aide à la mesure de l’amour que ce dernier a pour Dieu. Un prêtre qui sait, au plus intime de son cœur, qu’il a embrassé le sacerdoce en répondant à l’appel de son Seigneur, sans aucun autre motif que de satisfaire la demande du Maître qu’il aime, un tel prêtre trouvera dans son amour la force et la sagesse nécessaires pour paître les agneaux raisonnables de Dieu. L’amour qu’il a pour Jésus-Christ le guidera dans son ministère. Un prêtre qui aime vraiment le Seigneur Jésus, aimera sincèrement et profondément chaque homme en qui il discernera l’image du Créateur. Un prêtre qui aime le Christ, aimera chaque être humain parce qu’il saura que son Maître bien-aimé a versé pour lui son sang sur la Croix. Un tel prêtre ne supportera pas de voir souffrir n’importe quel homme, parce que Jésus est mort pour le sauver.
C’est une joie immense d’aimer ceux que le Christ aime. C’est un bonheur infini, de servir ceux que le Verbe de Dieu est venu servir. C’est une grâce incroyable de pouvoir donner sa vie à ceux pour qui le Fils de Dieu a donné sa vie. C’est la consolation du pasteur, c’était celle de saint Jean Chrysostome que je vous invite à prier aujourd’hui pour chacun de nos séminaristes qu’ils soient dignes de prouver leur amour du Christ en acceptant de paître ses agneaux.