Saint Jérôme, un des plus célèbres docteurs de l’Eglise latine, aimait dire qu’il était disciple de saint Grégoire le Théologien. Il ajoutait que jamais les Latins n’avaient eu personne qui fût égal de Grégoire. Pourquoi ne pas admettre que cette remarque vaut, dans la même mesure, pour l’Orient. Personne ne peut être comparé, même en Orient, à celui que la Tradition appelle le « Théologien », à la suite de Jean l’Evangéliste. Et ce n’est pas Basile de Césarée qui s’en offusquerait, lui qui était l’ami le plus proche de Grégoire. Même Jean Chrysostome serait sans doute d’accord avec cette affirmation, lui qui succéda au Nazianzène sur la chaire de Constantinople où Grégoire avait, selon le témoignage de Théodoret de Cyr, restauré l’orthodoxie trinitaire.
L’héritage de Grégoire de Nazianze est immense, mais aussi souvent sous-estimé. Cette homélie est consacrée à une de ses particularités : le caractère très personnel de la pensée du Théologien. Aucun Père de l’Eglise n’a été aussi personnel dans ses écrits. Saint Grégoire ne cachait ni ses émotions, ni ses espoirs, ni ses souffrances, ni ses révélations. Son œuvre nous livre ses joies et ses déceptions, ses craintes et ses critiques, ses afflictions et ses jubilations, sa pensée intime et sa vie intérieure. Sa relation à la Trinité est incroyablement intime et personnelle ; sa prière au Christ est audacieuse et, d’une certaine façon, révolutionnaire (souvenez-vous que c’est Grégoire de Nazianze qui a généralisé la prière adressée au Christ directement, dans la même mesure qu’au Père et à l’Esprit). Grégoire est très personnel dans l’amitié qu’il appelle le bien plus précieux sur la terre. Il nous parle de l’amour pour sa mère, de l’estime mêlée de crainte pour son père-évêque, de son admiration pour sa sœur, de ses soucis pour son frère. Il a une relation extraordinairement intime avec son lecteur. C’est ce qui le met à part, parmi tous ses contemporains et prédécesseurs. Un tel degré d’intimité avec ses auditeurs et lecteurs, on n’en trouve que chez l’apôtre Paul.
Quand on lit Grégoire le Théologien, on finit par croire qu’on le connaît personnellement. Un lecteur familier du Nazianzène ne peut ne pas désirer l’avoir pour père et guide spirituel. Il devient pour lui un modèle, certes inaccessible, mais tout à fait présent et admirable. Quelle grâce de pouvoir partager les sentiments et les émotions d’un homme comme saint Grégoire ! Quelle merveille que d’être associé à sa prière et à son action de grâce à « sa » Trinité ! Quelle chance d’avoir pour maître en théologie celui que Maxime le Confesseur appelait « divin » ! Tout cela est possible à celui qui lit les œuvres de Grégoire, qui se nourrit à sa parole d’une beauté étonnante, qui se laisse envahir par son esprit plein de contradictions, mais entièrement dévoué au Seigneur Jésus et brûlant d’un amour pour Dieu, amour qui transfigure et divinise son porteur, mais aussi son lecteur, si ce dernier ouvre non seulement son intelligence, mais aussi son esprit et son cœur au verbe sans pareil du divin et bienheureux Grégoire.
Aujourd’hui, où nous célébrons la mémoire du Théologien, écoutez cet extrait de son Poème sur les épreuves, et puisse l’Esprit Saint vous donner le désir d’aller vous ressourcer dans l’ouvre de Grégoire, de l’acquérir pour maître et ami sur votre chemin vers la connaissance salutaire de Dieu. Ecoutez donc la Théologien, abandonné à sa solitude et ses peines, professer la confiance inébranlable dans la bienheureuse Trinité :
« Chacun met, ô Christ, sa confiance dans une protection différente : le sang, la cendre et l’orgueil éphémère, et il en est qui sont en quête d’une autre protection inconsistante ; mais moi, c’est à toi seul, roi des rois, que je fus abandonné tout seul, à toi qui domines tout et qui es ma force suprême. Je n’ai pas d’épouse attentionnée qui me délivrera de mes incurables soucis ou qui réchauffe de ses consolations mes afflictions. Je n’ai pas non plus d’enfants chéris pour me faire honneur, grâce à qui ma vieillesse puisse se redresser en marchant à son tour dans leurs pas juvéniles. Je n’ai pas de frères pour réjouir mon cœur, ni de compagnons… Je suis poursuivi par une foule d’épreuves : nul remède à ma peine, et, quoi que je rencontre, la douleur est pire. Après avoir tout considéré et avoir en tout souffert par toi, c’est vers toi, [Père] bienheureux, que je regarde à nouveau, ma force, tout-puissant, inengendré, sans principe et père du principe qui est le Fils immortel, grande lumière d’une lumière semblable, qui, sortie de l’unique va à l’unique par des raisons insondables ; Fils de Dieu, sagesse, roi, Verbe et vérité, image de l’archétype, nature égale au géniteur, pasteur, agneau et victime, Dieu, homme et grand-prêtre ; et toi, Esprit qui viens du Père, lumière de notre intelligence, toi qui descends sur les purs et qui fais de l’homme un dieu, sois propice et accorde-moi au cours des années, mêlé ici et plus tard à la divinité dans sa plénitude, de te glorifier joyeusement en des hymnes incessants ».
Puisses-tu, grand et bienheureux Grégoire, nous associer tous, aussi indignes que nous soyons, par ton enseignement et tes prières, à la joie ultime de la connaissance et de la contemplation de Dieu.
L’héritage de Grégoire de Nazianze est immense, mais aussi souvent sous-estimé. Cette homélie est consacrée à une de ses particularités : le caractère très personnel de la pensée du Théologien. Aucun Père de l’Eglise n’a été aussi personnel dans ses écrits. Saint Grégoire ne cachait ni ses émotions, ni ses espoirs, ni ses souffrances, ni ses révélations. Son œuvre nous livre ses joies et ses déceptions, ses craintes et ses critiques, ses afflictions et ses jubilations, sa pensée intime et sa vie intérieure. Sa relation à la Trinité est incroyablement intime et personnelle ; sa prière au Christ est audacieuse et, d’une certaine façon, révolutionnaire (souvenez-vous que c’est Grégoire de Nazianze qui a généralisé la prière adressée au Christ directement, dans la même mesure qu’au Père et à l’Esprit). Grégoire est très personnel dans l’amitié qu’il appelle le bien plus précieux sur la terre. Il nous parle de l’amour pour sa mère, de l’estime mêlée de crainte pour son père-évêque, de son admiration pour sa sœur, de ses soucis pour son frère. Il a une relation extraordinairement intime avec son lecteur. C’est ce qui le met à part, parmi tous ses contemporains et prédécesseurs. Un tel degré d’intimité avec ses auditeurs et lecteurs, on n’en trouve que chez l’apôtre Paul.
Quand on lit Grégoire le Théologien, on finit par croire qu’on le connaît personnellement. Un lecteur familier du Nazianzène ne peut ne pas désirer l’avoir pour père et guide spirituel. Il devient pour lui un modèle, certes inaccessible, mais tout à fait présent et admirable. Quelle grâce de pouvoir partager les sentiments et les émotions d’un homme comme saint Grégoire ! Quelle merveille que d’être associé à sa prière et à son action de grâce à « sa » Trinité ! Quelle chance d’avoir pour maître en théologie celui que Maxime le Confesseur appelait « divin » ! Tout cela est possible à celui qui lit les œuvres de Grégoire, qui se nourrit à sa parole d’une beauté étonnante, qui se laisse envahir par son esprit plein de contradictions, mais entièrement dévoué au Seigneur Jésus et brûlant d’un amour pour Dieu, amour qui transfigure et divinise son porteur, mais aussi son lecteur, si ce dernier ouvre non seulement son intelligence, mais aussi son esprit et son cœur au verbe sans pareil du divin et bienheureux Grégoire.
Aujourd’hui, où nous célébrons la mémoire du Théologien, écoutez cet extrait de son Poème sur les épreuves, et puisse l’Esprit Saint vous donner le désir d’aller vous ressourcer dans l’ouvre de Grégoire, de l’acquérir pour maître et ami sur votre chemin vers la connaissance salutaire de Dieu. Ecoutez donc la Théologien, abandonné à sa solitude et ses peines, professer la confiance inébranlable dans la bienheureuse Trinité :
« Chacun met, ô Christ, sa confiance dans une protection différente : le sang, la cendre et l’orgueil éphémère, et il en est qui sont en quête d’une autre protection inconsistante ; mais moi, c’est à toi seul, roi des rois, que je fus abandonné tout seul, à toi qui domines tout et qui es ma force suprême. Je n’ai pas d’épouse attentionnée qui me délivrera de mes incurables soucis ou qui réchauffe de ses consolations mes afflictions. Je n’ai pas non plus d’enfants chéris pour me faire honneur, grâce à qui ma vieillesse puisse se redresser en marchant à son tour dans leurs pas juvéniles. Je n’ai pas de frères pour réjouir mon cœur, ni de compagnons… Je suis poursuivi par une foule d’épreuves : nul remède à ma peine, et, quoi que je rencontre, la douleur est pire. Après avoir tout considéré et avoir en tout souffert par toi, c’est vers toi, [Père] bienheureux, que je regarde à nouveau, ma force, tout-puissant, inengendré, sans principe et père du principe qui est le Fils immortel, grande lumière d’une lumière semblable, qui, sortie de l’unique va à l’unique par des raisons insondables ; Fils de Dieu, sagesse, roi, Verbe et vérité, image de l’archétype, nature égale au géniteur, pasteur, agneau et victime, Dieu, homme et grand-prêtre ; et toi, Esprit qui viens du Père, lumière de notre intelligence, toi qui descends sur les purs et qui fais de l’homme un dieu, sois propice et accorde-moi au cours des années, mêlé ici et plus tard à la divinité dans sa plénitude, de te glorifier joyeusement en des hymnes incessants ».
Puisses-tu, grand et bienheureux Grégoire, nous associer tous, aussi indignes que nous soyons, par ton enseignement et tes prières, à la joie ultime de la connaissance et de la contemplation de Dieu.