Chers frères et sœurs, le récit évangélique de l’Entrée du Seigneur à Jérusalem met en avant un personnage curieux : l’ânon. Si saint Jean indique seulement qu’il sert de monture au Christ, Luc décrit d’une façon très détaillée comment cet ânon fut conduit à Jésus par deux de ses disciples : « En approchant de Bethphagé et de Béthanie, près du Mont dit des Oliviers, il envoya deux des disciples, en disant : ‘Allez au village qui est en face et, en y pénétrant, vous trouverez, à l’attache, un ânon que personne au monde n’a jamais monté ; détachez-le et amenez-le. Et si quelqu’un vous demande : ‘Pourquoi le détachez-vous ?’ Vous direz ceci : ‘C’est que le Seigneur en a besoin’. Etant donc partis, les envoyés trouvèrent les choses comme il leur avait dit. Et tandis qu’ils détachaient l’ânon, ses maîtres leur dirent : ‘Pourquoi détachez-vous cet ânon ?’ Ils dirent : ‘C’est que le Seigneur en a besoin’. Ils l’amenèrent donc à Jésus et, jetant leurs manteaux sur l’ânon, ils firent monter Jésus » (Lc 19, 29-35).
Ne trouvez-vous pas étonnant que l’Evangile accorde une telle importance à cet ânon, à la manière dont il est détaché et conduit à Jésus ? Je me suis toujours dit qu’il devait y en avoir une raison particulière ; l’Evangile n’est en effet pas un manuel de zoologie. Alors qui est cet ânon et pourquoi une telle place lui est accordée dans les Evangiles ? Je crois que l’explication la plus intéressante sur ce sujet est donnée par Origène dans ses homélies sur l’Evangile de Luc. Elle est, bien sûr, allégorique. Pour lui, l’ânon représente l’humanité que le Christ fait libérer, par ses apôtres, de son joug pour qu’elle porte le Verbe de Dieu. Personne au monde n’a monté cet ânon, précise Luc. En effet, ni les alliances antiques, ni la Loi, ni les prophètes n’ont réussi à attacher l’homme à Dieu d’une façon intime et inséparable. Seul le Christ y est parvenu. Par ailleurs, comme le remarque Origène, « cet ânon avait bien des propriétaires avant que le Sauveur en eût besoin, mais, dès que Jésus en devint le Seigneur, ces propriétaires n’existèrent plus ; en effet, ‘personne ne peut servir Dieu et Mammon’ (Mt 6, 24). Lorsque nous sommes esclaves du mal, nous sommes les sujets de beaucoup de passions et de vices. L’ânon est donc détaché ‘parce que le Seigneur en a besoin’. Maintenant encore, le Seigneur a besoin de l’ânon. Vous êtes cet ânon. En quoi le Fils de Dieu a-t-il besoin de vous ? Qu’attend-il de vous ? Il a besoin de votre salut, il veut vous délier des liens du péché » (Hom. 37, 3).
Nous sommes l’ânon que le Christ a libéré du joug de la loi, qu’il a détaché du péché et du mal et qu’il a placé sous son humble et douce tutelle. Par son incarnation, le Seigneur a transformé la créature que nous étions en trône de sa propre gloire. Des ânes que nous étions, nous sommes devenus porteurs de la Parole de Dieu. Veillez, chers frères et sœurs, à ne pas perdre Celui que vous portez sur vous. Si le Christ n’est plus en vous, vous redeviendrez de simples ânes qui ont préféré la vie animale à la gloire d’être le temple de la divinité. Portez le Verbe de Dieu avec amour et soin, en vous couvrant des manteaux des enseignements apostoliques et en avançant d’un pas sûr vers la Jérusalem céleste où vous accéderez si Jésus est au-dessus de vous. Porté par vous, comme par un ânon, et vous portant sur ses épaules, comme une brebis, il vous fera entrer, avec lui, dans la Jérusalem nouvelle, dans la gloire éternelle de son Père.
Ne trouvez-vous pas étonnant que l’Evangile accorde une telle importance à cet ânon, à la manière dont il est détaché et conduit à Jésus ? Je me suis toujours dit qu’il devait y en avoir une raison particulière ; l’Evangile n’est en effet pas un manuel de zoologie. Alors qui est cet ânon et pourquoi une telle place lui est accordée dans les Evangiles ? Je crois que l’explication la plus intéressante sur ce sujet est donnée par Origène dans ses homélies sur l’Evangile de Luc. Elle est, bien sûr, allégorique. Pour lui, l’ânon représente l’humanité que le Christ fait libérer, par ses apôtres, de son joug pour qu’elle porte le Verbe de Dieu. Personne au monde n’a monté cet ânon, précise Luc. En effet, ni les alliances antiques, ni la Loi, ni les prophètes n’ont réussi à attacher l’homme à Dieu d’une façon intime et inséparable. Seul le Christ y est parvenu. Par ailleurs, comme le remarque Origène, « cet ânon avait bien des propriétaires avant que le Sauveur en eût besoin, mais, dès que Jésus en devint le Seigneur, ces propriétaires n’existèrent plus ; en effet, ‘personne ne peut servir Dieu et Mammon’ (Mt 6, 24). Lorsque nous sommes esclaves du mal, nous sommes les sujets de beaucoup de passions et de vices. L’ânon est donc détaché ‘parce que le Seigneur en a besoin’. Maintenant encore, le Seigneur a besoin de l’ânon. Vous êtes cet ânon. En quoi le Fils de Dieu a-t-il besoin de vous ? Qu’attend-il de vous ? Il a besoin de votre salut, il veut vous délier des liens du péché » (Hom. 37, 3).
Nous sommes l’ânon que le Christ a libéré du joug de la loi, qu’il a détaché du péché et du mal et qu’il a placé sous son humble et douce tutelle. Par son incarnation, le Seigneur a transformé la créature que nous étions en trône de sa propre gloire. Des ânes que nous étions, nous sommes devenus porteurs de la Parole de Dieu. Veillez, chers frères et sœurs, à ne pas perdre Celui que vous portez sur vous. Si le Christ n’est plus en vous, vous redeviendrez de simples ânes qui ont préféré la vie animale à la gloire d’être le temple de la divinité. Portez le Verbe de Dieu avec amour et soin, en vous couvrant des manteaux des enseignements apostoliques et en avançant d’un pas sûr vers la Jérusalem céleste où vous accéderez si Jésus est au-dessus de vous. Porté par vous, comme par un ânon, et vous portant sur ses épaules, comme une brebis, il vous fera entrer, avec lui, dans la Jérusalem nouvelle, dans la gloire éternelle de son Père.