Chers frères et sœurs, en ce dimanche où nous célébrons la mémoire du premier concile œcuménique de l’Église, unes des plus remarquables manifestations de la catholicité et de l’universalité de l’histoire de la chrétienté où, par l’action de l’Esprit et le courage des évêques de l’empire, l’orthodoxie a triomphé, il serait opportun de nous rappeler l’immense responsabilité qui incombe aux pasteurs du peuple de Dieu. C’est d’autant plus important de nous rendre compte de la gravité du ministère ecclésial ici, dans un séminaire, où grandissent dans la ferveur apostolique et l’orthodoxie doctrinale les futurs prêtres de l’Église.

Le discours d’adieu de l’apôtre Paul aux presbytres de l’Église d’Éphèse, que nous avons lu tout à l’heure dans les Actes des Apôtres, nous rappelle le caractère grave du ministère pastoral, les devoirs presque surhumains qui incombent aux pasteurs de l’Église. Voici en quels termes l’apôtre Paul décrit le ministère apostolique : « Je n’attache aucun prix à ma propre vie, pourvu que je mène à bonne fin ma course et le ministère que j’ai reçu du Seigneur : rendre témoignage à l’Évangile de la grâce de Dieu ». Chers amis séminaristes, retenez bien ces paroles : un prêtre chrétien ne compte pour rien sa propre vie ; il n’a d’autres intérêts que de proclamer l’Évangile ; il n’a d’autres raisons de vivre que pour exercer le ministère reçu de Dieu.

Savez-vous quel sens de responsabilité est exigé au prêtre ? Le prêtre, dont le devoir est d’annoncer l’Évangile de la grâce et d’aider les hommes à trouver le salut de Dieu, est responsable de chaque être humain qu’il croise sur sa route. C’est pourquoi, un mauvais prêtre, qui cause scandale dans l’Église de Dieu et dans le monde, est un vrai meurtrier : il fait en effet obstacle à la grâce de Dieu qui veut que tous les hommes parviennent au salut. En éloignant une personne de l’Église, le prêtre la prive de l’accès à la source de la vie éternelle, il la condamne à errer dans les ténèbres du monde.

Avez-vous entendu ce que l’apôtre Paul dit aux anciens d’Éphèse : Je l’atteste aujourd’hui devant vous : je suis pur du sang de tous. Car je ne me suis pas dérobé quand il fallait vous annoncer toute la volonté de Dieu ». Un pasteur qui se dérobe à ses responsabilités ou qui défaille dans son engagement, porte sur lui le sang des victimes spirituelles de son propre égarement.

Un chrétien, membre du Corps du Christ, porte déjà une immense responsabilité sur ses épaules : il est, lui aussi, appelé à témoigner de l’Évangile. On jugera par ses actes de la valeur de la Bonne Nouvelle. Mais la responsabilité des ministres de l’Église est encore plus grande : ils doivent édifier et aider ces chrétiens porteurs du message du salut. Ils sont les guides des sauvés, ils sont à la tête des communautés des saints, marqués par le sceau de l’Esprit.

Alors, écoutez ce que Paul commande aujourd’hui aux presbytres de l’Église d’Éphèse : « Soyez attentifs à vous-mêmes et à tout le troupeau dont l’Esprit Saint vous a établis gardiens pour paître l’Église de Dieu, qu’il s’est acquise par le sang de son propre Fils ».

Frères, n’oublions jamais que chaque être humain que nous rencontrons a été racheté par le sang du Verbe incarné. Dieu lui-même a souffert et est mort pour sauver chaque personne humaine. Faisons très attention à ne pas devenir les obstacles dans le dessein du salut universel du Créateur. Ne soyons pas des profanateurs de l’image de Dieu restaurée par la Passion de la Sagesse divine. Soyons vigilants, comme nous y exhorte l’apôtre Paul, selon l’exemple des Pères du premier concile œcuménique : veillons à ce qu’aucun loup ne s’introduise parmi nous et surtout à ce que nous ne devenions pas des loups nous-mêmes. Aidons le Seigneur à bâtir l’édifice de son Église, puisqu’il souhaite que l’homme coopère au salut de l’humanité. Donnons totalement notre vie à l’Église, devenons les instruments dociles et purs de la l’Esprit, soyons des collaborateurs humbles et responsables du Christ pour l’accomplissement de la volonté du Père.