Évangile de Luc, XVI, 19-31
La miséricorde envers les pauvres et le refus de la richesse – éléments essentiels de la prédication de Jésus – ne sont pas, malgré les apparences, la leçon centrale de la parabole sur le pauvre Lazare et le riche anonyme.
Celle-ci, comme beaucoup d’autres parables rapportées par l’évangéliste Luc, traite en réalité de l’universalité de la Bonne Nouvelle et du salut.
Le riche désigne ici non seulement un homme ignorant la compassion et la charité envers les démunis, mais aussi et surtout le religieux imbu de son statut et de ses convictions, dont la sollicitude ne va pas au delà de sa famille, de sa tribu, de sa communauté, et incapable de partager les richesses de sa foi avec ceux qui sont différents de lui.
C’est l’image de l’Israël infatué de son élection, avide de son propre salut, sourd au témoignage du Ressuscité et indifférent au sort des païens qui sont derrière sa porte. Ceux-là sont pourtant eux aussi les enfants d’Abraham. Ils sont, eux aussi, enfants de Dieu. S’ils n’ont pas la richesse de la foi véritable, des promesses prophétiques, du culte légitime, ils sont néanmoins à la porte du salut et affamés de la connaissance de Dieu. Ils précèdent les religieux isolationnistes dans le sein d’Abraham, ils reçoivent dans le royaume du Père la consolation spirituelle que les barrières religieuses d’ici-bas leur ont refusée.
Telle est la principale leçon de cette parabole, une parabole terrible. Une parabole qui nous invite à partager non seulement nos biens matériels, mais aussi et surtout notre foi. Cette parabole nous appelle à nous soucier non pas de notre salut individuel, ni même seulement de celui de notre famille et de nos proches, mais à offrir avant tout la consolation spirituelle à ceux qui nous entourent, au monde affamé et égaré qui est à la porte de nos églises. Cette parabole nous rappelle qu’il n’y a pas de salut privé et que seul est sauvé celui qui prend soin des autres et accorde à leur salut plus d’importance qu’au sien.
Comme écrivait Nicolas Berdiaeff, « la volonté morale de l’homme ne peut pas être orientée vers le refoulement d’un seul être en enfer, ne peut pas l’exiger, en tant que réalisation de la justice. Je puis encore admettre l’enfer pour moi-même, du fait qu’il existe dans le subjectif ; je puis connaître des souffrances infernales et considérer qu’elles me sont justement infligées, mais je ne puis pas me réconcilier avec l’idée de l’enfer pour les autres ». Je ne serai donc jamais attablée à un banquet – fût-il eschatologique – tant qu’il y a à la porte, au dehors, un pauvre, affamé, en souffrance et dans la solitude.
La miséricorde envers les pauvres et le refus de la richesse – éléments essentiels de la prédication de Jésus – ne sont pas, malgré les apparences, la leçon centrale de la parabole sur le pauvre Lazare et le riche anonyme.
Celle-ci, comme beaucoup d’autres parables rapportées par l’évangéliste Luc, traite en réalité de l’universalité de la Bonne Nouvelle et du salut.
Le riche désigne ici non seulement un homme ignorant la compassion et la charité envers les démunis, mais aussi et surtout le religieux imbu de son statut et de ses convictions, dont la sollicitude ne va pas au delà de sa famille, de sa tribu, de sa communauté, et incapable de partager les richesses de sa foi avec ceux qui sont différents de lui.
C’est l’image de l’Israël infatué de son élection, avide de son propre salut, sourd au témoignage du Ressuscité et indifférent au sort des païens qui sont derrière sa porte. Ceux-là sont pourtant eux aussi les enfants d’Abraham. Ils sont, eux aussi, enfants de Dieu. S’ils n’ont pas la richesse de la foi véritable, des promesses prophétiques, du culte légitime, ils sont néanmoins à la porte du salut et affamés de la connaissance de Dieu. Ils précèdent les religieux isolationnistes dans le sein d’Abraham, ils reçoivent dans le royaume du Père la consolation spirituelle que les barrières religieuses d’ici-bas leur ont refusée.
Telle est la principale leçon de cette parabole, une parabole terrible. Une parabole qui nous invite à partager non seulement nos biens matériels, mais aussi et surtout notre foi. Cette parabole nous appelle à nous soucier non pas de notre salut individuel, ni même seulement de celui de notre famille et de nos proches, mais à offrir avant tout la consolation spirituelle à ceux qui nous entourent, au monde affamé et égaré qui est à la porte de nos églises. Cette parabole nous rappelle qu’il n’y a pas de salut privé et que seul est sauvé celui qui prend soin des autres et accorde à leur salut plus d’importance qu’au sien.
Comme écrivait Nicolas Berdiaeff, « la volonté morale de l’homme ne peut pas être orientée vers le refoulement d’un seul être en enfer, ne peut pas l’exiger, en tant que réalisation de la justice. Je puis encore admettre l’enfer pour moi-même, du fait qu’il existe dans le subjectif ; je puis connaître des souffrances infernales et considérer qu’elles me sont justement infligées, mais je ne puis pas me réconcilier avec l’idée de l’enfer pour les autres ». Je ne serai donc jamais attablée à un banquet – fût-il eschatologique – tant qu’il y a à la porte, au dehors, un pauvre, affamé, en souffrance et dans la solitude.