REPORTAGE : concert de musique de la Renaissance anglaise par l'ensemble "Les Temps Dérobés"



Ce dimanche le 18 novembre l'ensemble Les Temps Dérobés a donné un concert de musique de la Renaissance anglaise : «О Nata Lux» dans notre chapelle Saint-Martin-Sainte-Geneviève.

O Nata Lux
Ce concert consacré à la musique sacrée et intitulé O Nata Lux — du motet éponyme de Thomas Tallis, par qui tout commence… — parcourt un siècle et demi de la musique chorale britannique. C’est tout une tradition d’artisanat polyphonique que l’on peut entendre évoluer dans ce programme au fil des « anthems », pièces religieuses propres à la liturgie anglaise. Caractérisée par ses ambigüités harmoniques, aspérités élégantes ou lisseurs endolories, la tradition passe de main en main, de Tallis à Byrd, puis de Byrd à Morley, de maître à apprenti, irriguant l’ère élisabéthaine de la deuxième moitié du XVIe siècle. Quelques parenthèses : la fluidité douce et contenue de John Sheppard, réminiscence pré-élisabéthaine ; la fugacité ludique d’un Terra Tremuit de Byrd ; toujours de Byrd, un Aspice Domine dont la polyphonie étale et aérée, à 6 voix solistes, apporte le repos après la densité poignante de l’anthem Hear my Prayer O Lord de Purcell…
Pour point d’orgue, une mise en regard des Burial Sentences de Thomas Morley et Henry Purcell, anthems usuellement composés pour accompagner le service mortuaire, de la procession jusqu’à la mise en terre du tombeau. Ici, trois anthems réunis en un seul office funéraire, imaginaire et anachronique, entre Elisabeth et Mary, clé de voûte de deux époques… Pour ciment de cette union, un passeur : Thomas Tomkins, condisciple de Morley lui ayant survécu, et son anthem Almighty God, the fountain of all wisdom, porteur de la patte harmonique élisabéthaine et annonciateur des audaces futures de Purcell… Au cœur de ce cérémonial, un violoncelle, garant du liant de la procession, « voice from heaven », d’abord agitée puis résignée, peut-être l’âme quittant lentement le corps enterré… ?

L’ensemble vocal Les Temps Dérobés
Formation vocale à mi-chemin entre le chœur de chambre et l’ensemble de solistes, les Temps Dérobés se sont réunis pour la première fois en septembre 2017 autour d’un programme en dyptique portant sur les œuvres chorales sacrées et profanes de la Renaissance Anglaise. Seize chanteurs, de 19 à 28 ans, aux formations diverses et horizons musicaux multiples, composent cet ensemble à géométrie variable et au répertoire expansible jusqu’à la musique contemporaine. À une voix aussi bien qu’à huit, les Temps Dérobés œuvrent à la transmission d’instants musicaux selon des thèmes spécifiques, temporels ou anachroniques, viviers sonores ou jardins suspendus, et à la construction de leurs concerts comme de moments hors du temps, entièrement irrigués par la musique.
Les Temps Dérobés sont dirigés par Félix Benati.

Photographies


Lundi 19 Novembre 2018
Alexandre Siniakov