Voici le texte de l'homélie prononcée par le recteur du Séminaire à la célébration départementale pour la Semaine de prière pour l'unité des chrétiens le 24 janvier 2015. La lecture de l'Évangile - Jn 4, 5-42 - portait sur le dialogue du Christ avec la Samaritaine, au puits de Jacob à Sichem.


L’eau qui jaillit dans la vie éternelle (cf Jn 4, 14), c’est elle qui nous réunit ce soir, frères et sœurs. L’eau du baptême, dans laquelle nous mourrons au monde, avec le Christ, afin de renaître, avec lui, pour le Règne de Dieu, elle est notre premier lien commun, quoi qu’en disent certains. Ce n’est pas une potion magique, mais elle est l’eau de la vie nouvelle dans la mesure où elle symbolise notre seconde naissance en tant qu’enfants de Dieu, notre passage dans un autre mode d’existence et nous relie au Royaume des cieux, devenant le signe visible de l’action invisible du Père, rendue possible par notre foi.

Ce Royaume céleste, lieu de notre nouvelle vie, n’est pas un espace géographique. C’est l’Esprit qui est notre second lien. Cet Esprit, rien ne peut le contenir et pourtant il est à l’intérieur de nous. Il n’habite pas en nous de manière matérielle, parce qu’il est feu immatériel, mais il demeure dans le cœur de notre personnalité, dans les profondeurs de notre identité véritable qui n’est pas physique. Il remplit ce qui nous constitue de façon permanente, intemporelle.

Nous avons un troisième lien : c’est le sang. Celui du Fils de Dieu qui est, comme dit saint Jean, « victime d’expiation pour nos péchés ; et pas seulement pour les nôtres, mais encore pour ceux du monde entier » (1 Jn 2, 2).

Ainsi, toujours selon l’apôtre Jean, « ils sont trois à rendre témoignage, l’Esprit, l’eau et le sang, et ces trois convergent dans l’unique témoignage <…> : Dieu nous a donné la vie éternelle, et cette vie est en son Fils. Qui a le Fils a la vie ; qui n’a pas le Fils de Dieu n’a pas la vie » (1 Jn 5, 7 et 11-12).

Nous avons le Fils, nous avons l’Esprit, nous avons la vie par la foi dans l’unique Père. Il nous manque la force d’en témoigner de nouveau en tant qu’un seul Corps, une seule Église du Christ, comme nous l’avons fait pendant des siècles. Tôt ou tard, que nous le voulions ou non, nous serons réunis, parce que tel est le projet de Dieu : « Réunir l’univers entier sous un seul chef, le Christ, ce qui est dans les cieux et ce qui est sur la terre » (Éph 1, 10). L’unité est notre avenir. Prions ce soir que ce ne soit pas un avenir lointain, mais proche. Prions pour que le Seigneur ne tarde pas à faire triompher la volonté de son Père ; qu’il ne tarde pas à revenir pour se soumettre toute chose, pour se soumettre lui-même à celui qui lui a tout soumis, pour que Dieu soit enfin tout en tous (cf 1 Co 15, 28).