Nous publions ici le texte intégral de l'homélie prononcée par l'archevêque Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations extérieures du patriarcat de Moscou, à la divine liturgie le 14 novembre 2009 dans la chapelle du séminaire orthodoxe russe à Épinay-sous-Sénart, le jour de son inauguration:
Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit !
Chers Frères et Sœurs,
L’Évangile de ce jour évoque le thème de la lumière : « Personne, après avoir allumé une lampe, ne la recouvre d’un vase ou ne la met sous un lit ; on la met au contraire sur un lampadaire, pour que ceux qui pénètrent voient la lumière » (Lc 8,16). Il est intéressant de remarquer que ce passage se trouve juste après l’explication de la parabole du semeur : « Ce qui est dans la bonne terre, ce sont ceux qui, ayant entendu la Parole avec un cœur noble et généreux, la retiennent et porte du fruit par leur constance » (Lc 8,15).
On ne pouvait trouver thèmes plus adéquats en ce jour d’inauguration d’un séminaire. Le mot « séminaire », en russe comme en français, vient du mot latin semen, la graine. Le séminaire est une sorte de « pépinière » permettant à des « graines » de s’épanouir. C’est un lieu qui offre les conditions nécessaire à la croissance intellectuelle et spirituelle de chrétiens se destinant à servir l’Église. Mais nous le savons bien : pour que les graines mûrissent, deux conditions sont nécessaires. Il faut d’abord une « bonne terre » ; pour des séminaristes : de bons cours, de saines lectures, une bonne organisation, de bons enseignants. Mais cela n’est pas suffisant. La graine ne peut transformer les éléments nutritifs de la terre en sa propre substance que grâce à l’énergie tirée de la lumière venue du ciel. Ce processus bien connu de la biologie s’appelle la photosynthèse. De même, dans un séminaire, l’étude ne peut porter du fruit que si l’étudiant se laisse illuminer par la lumière du Christ. Seule cette lumière lui permettra de tirer de ses études la sève qui le nourrira, qui le fortifiera, qui le fera vivre et lui permettra, à son tour, de donner la vie. Et ce qui est vrai du séminariste s’applique à tout chrétien : nous devons avoir des racines solides dans la terre où Dieu nous a semés, et en même temps nous tourner vers la Lumière céleste pour tirer parti de ces éléments terrestres. C’est ainsi que nous pouvons à notre tour porter du fruit.
Le but de ce processus est de devenir soi-même lumière, de se laisser entièrement transfigurer par la « Joyeuse Lumière » du Christ, lui qui est la « Lumière né de la Lumière ». Les saints deviennent si transparents que la lumière du Christ se laisse voir à travers eux. Mais cette transfiguration n’est pas passive ; elle se réalise dans la purification, le don de soi. Les saints Côme et Damien, que nous fêtons aujourd’hui, nous offrent un exemple magnifique de cette transfiguration active. Côme et Damien, qui moururent en martyrs au début du quatrième siècle, étaient deux médecins, frères jumeaux, qui soignaient gratuitement les malades. C’est en se donnant complètement à leurs prochains qu’ils se laissèrent transfigurer et réalisèrent la parole d’Isaïe au sujet de la lumière : « Partage ton pain avec celui qui a faim, et fais entrer dans ta maison les malheureux sans asile; si tu vois un homme nu, couvre-le, et ne te détourne pas de ton semblable. Alors ta lumière poindra comme l'aurore » (Is 58,7). Oui, frères et sœurs, si nous nous laissons transfigurer par la Lumière du Christ, alors nous devenons nous-mêmes lumière pour nos prochains, source de vie. Cela, comme le montre le martyre de Côme et Damien, peut nous conduire à donner notre vie, à mourir dans le Christ pour ressusciter avec lui. « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il demeure seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit » (Jean 12, 24). C’est peut-être aussi cela, la fonction du séminaire : permettre aux graines de mourir pour qu’elles portent beaucoup de fruit.
Prions, frères et sœurs, pour que, par l’intercession de saints Côme et Damien, ce séminaire soit une véritable « pépinière », une « bonne terre » permettant à de nombreuses personnes de se tourner vers la Lumière du Christ. Prions pour que nous apprenions tous à nous donner entièrement au Christ, à mourir en lui pour ressusciter avec lui, qui règne avec le Saint Esprit pour les siècles des siècles. Amen.
Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit !
Chers Frères et Sœurs,
L’Évangile de ce jour évoque le thème de la lumière : « Personne, après avoir allumé une lampe, ne la recouvre d’un vase ou ne la met sous un lit ; on la met au contraire sur un lampadaire, pour que ceux qui pénètrent voient la lumière » (Lc 8,16). Il est intéressant de remarquer que ce passage se trouve juste après l’explication de la parabole du semeur : « Ce qui est dans la bonne terre, ce sont ceux qui, ayant entendu la Parole avec un cœur noble et généreux, la retiennent et porte du fruit par leur constance » (Lc 8,15).
On ne pouvait trouver thèmes plus adéquats en ce jour d’inauguration d’un séminaire. Le mot « séminaire », en russe comme en français, vient du mot latin semen, la graine. Le séminaire est une sorte de « pépinière » permettant à des « graines » de s’épanouir. C’est un lieu qui offre les conditions nécessaire à la croissance intellectuelle et spirituelle de chrétiens se destinant à servir l’Église. Mais nous le savons bien : pour que les graines mûrissent, deux conditions sont nécessaires. Il faut d’abord une « bonne terre » ; pour des séminaristes : de bons cours, de saines lectures, une bonne organisation, de bons enseignants. Mais cela n’est pas suffisant. La graine ne peut transformer les éléments nutritifs de la terre en sa propre substance que grâce à l’énergie tirée de la lumière venue du ciel. Ce processus bien connu de la biologie s’appelle la photosynthèse. De même, dans un séminaire, l’étude ne peut porter du fruit que si l’étudiant se laisse illuminer par la lumière du Christ. Seule cette lumière lui permettra de tirer de ses études la sève qui le nourrira, qui le fortifiera, qui le fera vivre et lui permettra, à son tour, de donner la vie. Et ce qui est vrai du séminariste s’applique à tout chrétien : nous devons avoir des racines solides dans la terre où Dieu nous a semés, et en même temps nous tourner vers la Lumière céleste pour tirer parti de ces éléments terrestres. C’est ainsi que nous pouvons à notre tour porter du fruit.
Le but de ce processus est de devenir soi-même lumière, de se laisser entièrement transfigurer par la « Joyeuse Lumière » du Christ, lui qui est la « Lumière né de la Lumière ». Les saints deviennent si transparents que la lumière du Christ se laisse voir à travers eux. Mais cette transfiguration n’est pas passive ; elle se réalise dans la purification, le don de soi. Les saints Côme et Damien, que nous fêtons aujourd’hui, nous offrent un exemple magnifique de cette transfiguration active. Côme et Damien, qui moururent en martyrs au début du quatrième siècle, étaient deux médecins, frères jumeaux, qui soignaient gratuitement les malades. C’est en se donnant complètement à leurs prochains qu’ils se laissèrent transfigurer et réalisèrent la parole d’Isaïe au sujet de la lumière : « Partage ton pain avec celui qui a faim, et fais entrer dans ta maison les malheureux sans asile; si tu vois un homme nu, couvre-le, et ne te détourne pas de ton semblable. Alors ta lumière poindra comme l'aurore » (Is 58,7). Oui, frères et sœurs, si nous nous laissons transfigurer par la Lumière du Christ, alors nous devenons nous-mêmes lumière pour nos prochains, source de vie. Cela, comme le montre le martyre de Côme et Damien, peut nous conduire à donner notre vie, à mourir dans le Christ pour ressusciter avec lui. « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il demeure seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit » (Jean 12, 24). C’est peut-être aussi cela, la fonction du séminaire : permettre aux graines de mourir pour qu’elles portent beaucoup de fruit.
Prions, frères et sœurs, pour que, par l’intercession de saints Côme et Damien, ce séminaire soit une véritable « pépinière », une « bonne terre » permettant à de nombreuses personnes de se tourner vers la Lumière du Christ. Prions pour que nous apprenions tous à nous donner entièrement au Christ, à mourir en lui pour ressusciter avec lui, qui règne avec le Saint Esprit pour les siècles des siècles. Amen.