Frères et sœurs bien-aimés, la fête des Trois Saints Docteurs – Basile le Grand, Grégoire le Théologien et Jean Chrysostome – est une originalité de la tradition liturgique byzantine. Chacun de ces trois évêques est célébré à des dates séparées, correspondant à leur naissance au ciel (pour les deux premiers, notamment). L’idée de rajouter, en plus de leur mémoire propre, une fête commune des trois est apparue à la fin du XIe siècle, certainement sous le règne de l’empereur Alexis Ier Comnène. On a ainsi réuni solennellement les trois docteurs les plus célèbres, les plus respectés, les plus aimés dans l’Empire byzantin.
Basile et Grégoire furent non seulement des contemporains, mais aussi des amis très intimes ; ils ont fait des études ensemble, ils ont fondé conjointement une communauté monastique dont la règle est devenue la référence dans le monachisme oriental. En revanche, Jean Chrysostome est de quelques années leur cadet. Comme Grégoire de Nazianze, il fut évêque de Constantinople ; l’un et l’autre ont quitté la capitale impériale dans des circonstances pas très joyeuses.
Ce qui unit les trois docteurs, c’est la renommée dont ils jouissent parmi les chrétiens de l’Empire romain d’Orient. Tous les trois ont une autorité dogmatique et morale incontestable. Ce sont les auteurs les plus lus, les plus publiés, les plus commentés en Byzance. Aujourd’hui encore, ils restent des guides sûrs pour l’ensemble des chrétiens, des témoins particulièrement fiables de la tradition de l’Église.
De l’héritage commun qu’ils nous ont légué j’aimerais relever trois aspects qui me semblent particulièrement actuels : premièrement, l’importance accordée à la culture et à l’éducation ; deuxièmement, la capacité à affronter les épreuves et, troisièmement, l'affection pour l’unité.
D’abord, la culture et l’érudition. C’est le point commun le plus apparent entre les trois docteurs que nous célébrons : tous les trois sont convaincus que les chrétiens ne doivent pas mépriser la science de ce monde, puisque sa maîtrise est un appui utile pour la proclamation de l’Évangile du Christ. Saint Basile a même écrit une œuvre qui s’appelle : Discours aux jeunes gens sur l’utilité qu’ils peuvent retirer de la lecture des livres profanes. Dans cette œuvre, Basile rappelle que les Saintes Écritures sont la source dont nous apprenons la vérité de Dieu, mais son étude est d’autant plus efficace qu’elle est précédée d’une érudition aussi vaste que possible dans les sciences humaines, les lettres, les arts : « Si nous voulons empreindre en nous l'idée du beau assez fortement pour qu'elle soit ineffaçable, nous devons nous initier aux sciences profanes, avant que de vouloir entrer dans les secrets des sciences sacrées. Par-là, nous nous accoutumerons à ces vives lumières, comme on s'accoutume à regarder le soleil en voyant son image dans l'eau ». Cette idée se retrouvera plus tard dans la civilisation européenne chrétienne dans la conviction que la philosophie est la servante de la théologie.
Le deuxième point, c’est la résistance au mal, l’endurance dans les épreuves. Nos trois saints docteurs ont tous connu beaucoup de tribulations dans leur vie. Basile fut exilé de sa ville épiscopale pour son opposition à l’arianisme et à la politique religieuse de l’empereur Valens. Grégoire n’a pas pu regagner la ville dont il était désigné évêque ; son séjour à Constantinople fut troublé par des luttes et des complots ; son départ était lié à une profonde déception au sujet de ses confrères évêques. Le conflit avec la cour impériale fut la raison de la condamnation, de la déposition et de l’exil de Jean Chrysostome. C’est de sa déportation que saint Jean a écrit une magnifique lettre portant sur le fait que le mal extérieur ne peut pas atteindre l’homme, que la seule chose qui peut l’affecter et le rendre malheureux, c’est le mal qui vit en lui et qui vient de son cœur. Je vous cite les derniers mots de cette lettre : « Si quelqu’un subit un dommage ou un tort, il le subit entièrement de son propre chef, non de la part des autres, même s’il y a mille personnes à lui faire tort. Ainsi, celui qui ne subit pas de tort de son propre chef, tous les êtres qui peuplent la terre et la mer auraient beau s’attaquer à lui, ils ne pourront lui nuire le moins du monde ».
Et enfin, le troisième point : c’est l’affection pour l’unité. C’est d’ailleurs, semble-t-il, la raison, pour laquelle cette église qui célèbre aujourd’hui sa fête patronale, est nommée en l’honneur des trois saints docteurs. Saint Basile, saint Grégoire et saint Jean ont passé toute leur vie à désirer l’unité des disciples du Christ, à œuvrer pour elle, à la défendre. Leur intercession est aujourd’hui particulièrement nécessaire dans ce domaine précis. Grégoire le Théologien a écrit trois discours sur la paix et l’unité. Celui qu’il a prononcé à l’occasion du retour à l’unité des moines de Nazianze (discours 6), est particulièrement bouleversant. Voici son admirable exhortation finale : « Plaise au ciel <…> que nous restions tous unis, dans un même esprit, luttant ensemble et d’une même âme pour la foi de l’Évangile <…>. Ne connaissons qu’une seule lutte, celle qui doit être menée contre le Malin et contre ceux qui combattent sous sa conduite, sans craindre qui peut tuer le corps, et ne saurait prendre l’âme, mais dans la crainte du Maître de l’âme et du corps, gardant le bon dépôt que nous avons reçu de nos Pères, adorant le Père, le Fils et le Saint-Esprit <…>, reconnaissant que les Trois ne sont pas comme un seul <…>, mais que les Trois sont Un », par l’unique puissance et l’unique divinité.
Basile et Grégoire furent non seulement des contemporains, mais aussi des amis très intimes ; ils ont fait des études ensemble, ils ont fondé conjointement une communauté monastique dont la règle est devenue la référence dans le monachisme oriental. En revanche, Jean Chrysostome est de quelques années leur cadet. Comme Grégoire de Nazianze, il fut évêque de Constantinople ; l’un et l’autre ont quitté la capitale impériale dans des circonstances pas très joyeuses.
Ce qui unit les trois docteurs, c’est la renommée dont ils jouissent parmi les chrétiens de l’Empire romain d’Orient. Tous les trois ont une autorité dogmatique et morale incontestable. Ce sont les auteurs les plus lus, les plus publiés, les plus commentés en Byzance. Aujourd’hui encore, ils restent des guides sûrs pour l’ensemble des chrétiens, des témoins particulièrement fiables de la tradition de l’Église.
De l’héritage commun qu’ils nous ont légué j’aimerais relever trois aspects qui me semblent particulièrement actuels : premièrement, l’importance accordée à la culture et à l’éducation ; deuxièmement, la capacité à affronter les épreuves et, troisièmement, l'affection pour l’unité.
D’abord, la culture et l’érudition. C’est le point commun le plus apparent entre les trois docteurs que nous célébrons : tous les trois sont convaincus que les chrétiens ne doivent pas mépriser la science de ce monde, puisque sa maîtrise est un appui utile pour la proclamation de l’Évangile du Christ. Saint Basile a même écrit une œuvre qui s’appelle : Discours aux jeunes gens sur l’utilité qu’ils peuvent retirer de la lecture des livres profanes. Dans cette œuvre, Basile rappelle que les Saintes Écritures sont la source dont nous apprenons la vérité de Dieu, mais son étude est d’autant plus efficace qu’elle est précédée d’une érudition aussi vaste que possible dans les sciences humaines, les lettres, les arts : « Si nous voulons empreindre en nous l'idée du beau assez fortement pour qu'elle soit ineffaçable, nous devons nous initier aux sciences profanes, avant que de vouloir entrer dans les secrets des sciences sacrées. Par-là, nous nous accoutumerons à ces vives lumières, comme on s'accoutume à regarder le soleil en voyant son image dans l'eau ». Cette idée se retrouvera plus tard dans la civilisation européenne chrétienne dans la conviction que la philosophie est la servante de la théologie.
Le deuxième point, c’est la résistance au mal, l’endurance dans les épreuves. Nos trois saints docteurs ont tous connu beaucoup de tribulations dans leur vie. Basile fut exilé de sa ville épiscopale pour son opposition à l’arianisme et à la politique religieuse de l’empereur Valens. Grégoire n’a pas pu regagner la ville dont il était désigné évêque ; son séjour à Constantinople fut troublé par des luttes et des complots ; son départ était lié à une profonde déception au sujet de ses confrères évêques. Le conflit avec la cour impériale fut la raison de la condamnation, de la déposition et de l’exil de Jean Chrysostome. C’est de sa déportation que saint Jean a écrit une magnifique lettre portant sur le fait que le mal extérieur ne peut pas atteindre l’homme, que la seule chose qui peut l’affecter et le rendre malheureux, c’est le mal qui vit en lui et qui vient de son cœur. Je vous cite les derniers mots de cette lettre : « Si quelqu’un subit un dommage ou un tort, il le subit entièrement de son propre chef, non de la part des autres, même s’il y a mille personnes à lui faire tort. Ainsi, celui qui ne subit pas de tort de son propre chef, tous les êtres qui peuplent la terre et la mer auraient beau s’attaquer à lui, ils ne pourront lui nuire le moins du monde ».
Et enfin, le troisième point : c’est l’affection pour l’unité. C’est d’ailleurs, semble-t-il, la raison, pour laquelle cette église qui célèbre aujourd’hui sa fête patronale, est nommée en l’honneur des trois saints docteurs. Saint Basile, saint Grégoire et saint Jean ont passé toute leur vie à désirer l’unité des disciples du Christ, à œuvrer pour elle, à la défendre. Leur intercession est aujourd’hui particulièrement nécessaire dans ce domaine précis. Grégoire le Théologien a écrit trois discours sur la paix et l’unité. Celui qu’il a prononcé à l’occasion du retour à l’unité des moines de Nazianze (discours 6), est particulièrement bouleversant. Voici son admirable exhortation finale : « Plaise au ciel <…> que nous restions tous unis, dans un même esprit, luttant ensemble et d’une même âme pour la foi de l’Évangile <…>. Ne connaissons qu’une seule lutte, celle qui doit être menée contre le Malin et contre ceux qui combattent sous sa conduite, sans craindre qui peut tuer le corps, et ne saurait prendre l’âme, mais dans la crainte du Maître de l’âme et du corps, gardant le bon dépôt que nous avons reçu de nos Pères, adorant le Père, le Fils et le Saint-Esprit <…>, reconnaissant que les Trois ne sont pas comme un seul <…>, mais que les Trois sont Un », par l’unique puissance et l’unique divinité.